Air France : le PDG perd face à ses salariés et démissionne

Jean-Marc Janaillac, PDG d’Air France KLM remettra sa démission aux conseils d’administration d’Air France-KLM et d’Air France le 9 mai prochain.

Un immense gâchis

Il a perdu sa consultation des salariés organisée pour recueillir leur accord sur un projet salarial venant en contre proposition des demandes des syndicats. Il avait mis son départ dans la balance. « Au-delà des attentes salariales, ce vote est la traduction de malaises, il appelle une transformation profonde. J’espère que mon départ permettra une prise de conscience collective, et d’amorcer les conditions d’un rebond, » a déclaré le PDG lors d’une intervention en fin de journée. Le PDG parle d’un « immense gâchis qui ne peut que réjouir nos concurrents, fragiliser nos alliances et déboussoler nos équipes », rapporte Le Parisien.

« Plus de deux mois de conflit ont affaibli Air France, compromettant sa performance et son avenir. C’est un immense gâchis » poursuit le PDG. « J’ai conscience que les efforts des ces dernières années ont été un engagement de tous les salariés pour leur avenir. Certaines organisations syndicales pensent ce que ces efforts devraient être remboursés, c’est économiquement impossible, et ce serait surtout un suicide » termine-t-il.

Les salariés ont répondu « non » à 55,4% au projet d’accord salarial que le PDG proposait. Ce projet du 16 avril proposait 7% d’augmentation de salaires sur 4 ans, dont 2% dès 2018. Cette progression était conditionnée aux bons résultats de l’entreprise. Les syndicats demandaient 5,1% d’augmentation immédiate.

300 millions d’euros de pertes à cause de la grève

La consultation a été lancée afin de sortir l’entreprise de 13 jours de grève. Le taux de participation à la consultation a été de 80,33%. Entre le 26 avril 2018, et le 4 mai 2018, à 18h00, 46 771 salariés d’Air France ont voté lors d’un processus de vote électronique sous le contrôle d’un huissier.

Air France évalue à 300 millions d’euros au minimum les pertes dues à la grève. Dans le même temps, le 4 mai, le groupe Air France KLM a publié ses résultats pour le 1er trimestre 2018 qui font apparaître une perte nette de 269 millions d’euros. Le premier trimestre n’a compté que 3 jours de grève dont l’impact est évalué à 75 millions d’euros de perte dans les comptes.

Face au départ du PDG, le gouvernement a réagi par un communiqué émis par Bruno Lemaire, Ministre de l’économie et des finances, et Elisabeth Borne, Ministre des transports, et appelle au sens des responsabilités de chacun. Il demande au conseil d’administration d’Air France de définir les conditions de sortie de la crise actuelle. Bruno Lemaire salue le courage du PDG et le travail de redressement qu’il a mené pendant 2 ans.

Pendant la période de transition, c’est le directeur général d’Air France, Franck Terner, qui veillera au fonctionnement quotidien de la compagnie.

Grève les 7 et 8 mai

Interrogé par BFM, Vincent Salles, co-secrétaire général de la CGT Air France demande à ce que la nouvelle direction s’assied à la table des négociations en tenant compte du vote des salariés. « Les salariés ont exprimé leur volonté de reprendre en main leur outil, » dit-il. Les journées de grève du 7 et du 8 mai sont maintenues.

Pour le responsable syndical, « les salariés ont fait valoir qu’ils ne voulaient plus de la politique d’austérité depuis 2009, qui n’a pas mené la compagnie vers du mieux. » Pour lui, « cela a coûté des taux de productivité accrus, des difficultés dans les conditions de travail,  des gels des salaires. Nous avons eu à subir énormément de désagréments dans l’organisation de l’outil de travail, des vols que l’on n’a pas pu mener à cause de la politique d’attrition en termes d’effectifs. »  En conclusion, « les salariés se sont clairement exprimés en faveur des syndicats« , retient-il.