Audit d’entreprise : les professionnels en attente d’outils d’intelligence artificielle pour leurs missions

Les auditeurs envisagent un usage croissant des outils d’intelligence artificielle dans leurs missions de gestion des risques des entreprises. C’est ce que montre l’étude menée par le cabinet d’audit Grant Thornton et l’Université Paris-Dauphine sur l’audit face aux enjeux de l’intelligence artificielle.

L’intelligence artificielle évalue les scénarios de risques de manière exhaustive

Côté points forts, l’intelligence artificielle apporte sa capacité à évaluer beaucoup plus de scénarios de risques que l’être humain. « L’intelligence artificielle assure une recherche exhaustive des risques possibles pour une entreprise car elle a la capacité à traiter de grands volumes de données alors que l’auditeur cherche à imaginer les risques sans avoir de garantie d’exhaustivité » explique Nicolas Gasnier-Duparc, associé de Grant Thornton, responsable des activités d’audit interne Business Risk Services.

L’intelligence artificielle permet de définir « la normalité » d’une entreprise à partir d’un historique

L’intelligence artificielle permet en outre de définir « la normalité » d’une entreprise à partir d’un historique. Elle peut ensuite identifier l’exhaustivité des situations anormales qu’il faut étudier. L’étude suggère un passage à l’audit en continu des entreprises grâce à l’intelligence artificielle. « La technologie permet d’améliorer la productivité des missions et pousse à passer à des audits en continu au lieu d’un audit périodique des risques» commentent Gwenaëlle Nogatchewsky, professeure des universités, directrice du Master CARF (Contrôle Audit et Reporting Financier) et Béatrice Bon-Michel, professeure associée à l’Université Paris Dauphine-PSL.

L’intelligence artificielle ne devrait cependant pas remplacer l’auditeur mais apporter plus de valeur ajoutée à ses travaux, défend l’étude. Côté outils réellement utilisés sur le terrain actuellement, ils sont toutefois le plus souvent assez peu évolués. La moitié des auditeurs s’appuient sur des outils d’analyse des données. Et ils ne sont que 3% à utiliser fréquemment des robots. Ils sont seulement 11% à utiliser des technologies d’apprentissage automatique (Machine Learning) et 13% à utiliser des outils de reconnaissance visuelle. Cet état des lieux a été mené au cours de l’année 2021 auprès de 120 auditeurs au sein d’entreprises cotées et non cotées, avec un tiers d’auditeurs internes et deux tiers d’auditeurs externes.

Des solutions coûteuses et de nouvelles compétences nécessaires

Côté freins à l’usage de l’intelligence artificielle, on trouve le coût de développement de ces solutions et la maîtrise technique nécessaire. Les compétences des auditeurs doivent s’adapter sur le plan académique pour comprendre la technologie, optimiser son utilisation et réussir à s’affranchir du recours systématique à des experts tels que les Data Scientists. La situation de l’audit externe est sensiblement différente, pointe l’étude.  Tous les grands acteurs de l’audit intègrent l’évolution technologique dans leurs processus d’audit. De nombreux outils leur permettent aujourd’hui d’automatiser des contrôles, des rapprochements et de piloter notamment les mandats internationaux, toujours selon l’étude.

Les auditeurs associent l’intelligence artificielle à une meilleure fiabilité de leurs travaux et de leurs conclusions

Par ailleurs, les auditeurs associent l’intelligence artificielle à une meilleure fiabilité de leurs travaux et de leurs conclusions. Ils pensent pouvoir développer l’audit en continu et augmenter le périmètre des travaux pouvant être réalisés à distance. En ce qui concerne l’assistance que peut apporter l’intelligence artificielle à la rédaction des rapports d’audit, les avis sont partagés. Seuls les auditeurs externes semblent y voir assez logiquement une opportunité. Cela s’explique sans doute par le caractère plus normé des restitutions liées au commissariat aux comptes, selon l’étude.

Les gains en efficacité grâce à l’intelligence artificielle pourraient se traduire par des durées de mission moins longues ou par des périmètres plus larges par mission au fur et à mesure du développement des technologies de l’intelligence artificielle. Au final, dans le futur, l’auditeur devra savoir exploiter et traduire les résultats issus des outils. L’intelligence artificielle permettra à l’auditeur de bénéficier d’une gestion des tâches plus efficiente et d’affiner son jugement.


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