Auto-partage : Autolib’ coulé par les VTC ?

Autolib' couvre une centaine de communes en île de France

La Mairie de Paris s’étripe sur la place publique avec le groupe Bolloré sur la facture du déficit du service d’auto partage Autolib’. Bolloré réclame 40 millions d’euros par an jusqu’en 2023, date de fin du contrat.

Les VTC, les scooters et les vélos

« La somme demandée est extravagante » réagit Anne Hidalgo dans les Echos ce lundi. Elle insiste sur le fait qu’Autolib’ devait être rentable et qu’il ne l’est pas. Elle pointe comme raisons de ce manque de rentabilité : les VTC, les scooters en libre service, les vélos à assistance électrique.

La Maire de Paris annonce rechercher une nouvelle solution. Elle mentionne l’auto-partage en free floating – parking des véhicules sans station – comme le propose Renault mais de nombreux constructeurs automobiles voudraient innover à Paris, dit-elle.  Elle annonce vouloir agir vite sans attendre la fin du contrat avec Bolloré, car des constructeurs ont des propositions opérationnelles.

Le syndicat mixte Autolib’ Vélib’ Métropole soutient la Maire de Paris sur les raisons de l’échec. Le syndicat regroupe les 103 communes d’île de France, dont Paris, où l’on peut accéder au service Autolib’. « Dès les premières années, les résultats en nombre de trajets et en durée des trajets, se sont révélés en dessous des prévisions » écrit le syndicat.

De nouveaux services d’autopartage

« Le secteur de la mobilité a, par ailleurs, entamé une véritable révolution, avec l’émergence des VTC et d’autres services d’auto-partage qui n’existaient pas lorsqu’Autolib’ a été imaginé » ajoute-t-il. Le syndicat rappelle les pistes qui avaient été évoquées à la suite d’un audit par EY entre fin 2016 et début 2017. Côté syndicat, il s’agissait de décider de la fermeture des stations les plus déficitaires, de réactualiser les tarifs, d’expérimenter la publicité sur les voitures, et d’accueillir de nouveaux services dans les espaces d’abonnement.


Côté Bolloré, il s’agissait d’améliorer la qualité du service, notamment l’entretien et le renouvellement des stations et des voitures, une meilleure régulation et le lancement d’une campagne commerciale d’envergure pour recruter de nouveaux abonnés. « A ce jour, cela n’a pas été mis en œuvre » affirme le syndicat.

A la suite des déclarations d’Anne Hidalgo et du communiqué du syndicat, le groupe Bolloré a réagi en affirmant avoir « pris connaissance avec stupéfaction des déclarations d’Anne Hidalgo et du Syndicat Mixte Autolib Velib. »

60 millions d’euros de perte maximum

Le groupe Bolloré tient à rappeler que par contrat signé entre les parties il est clairement précisé que le groupe Bolloré, qui devait déjà financer les investissements, ne pouvait prendre à sa charge plus de 60 millions d’euros de pertes de ce service de transport public.

Il ajoute qu’il n’a cessé d’alerter le Syndicat depuis trois ans de la dérive financière du service sans qu’aucune mesure ne soit prise. Bolloré s’insurge que « par exemple, que lors de la dernière journée sans voiture à Paris les VTC à moteurs thermiques ont eu le droit de circuler et pas les Autolib électriques ».

Bolloré se félicite de la réussite technique du service lancé en 2011 : longévité des batteries (Anne Hidalgo reconnaît également que les véhicules électriques ont fait leurs preuves), robustesse des véhicules, fiabilité des services de réservation et de systèmes informatiques, efficacité et empathie des 500 salariés embauchés pour faire fonctionner le service. Accessoirement, Bolloré souligne que le service a permis de couvrir de bornes de recharge électrique une grande partie de l’Ile-de-France.  Bolloré se dit prêt à passer le relais si le syndicat souhaite re-concéder le service Autolib à un nouvel opérateur.

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