BMW : « Google veut asseoir le conducteur devant des écrans de publicité »

Le véhicule complètement autonome sera disponible en 2020 pense BMW. Le constructeur estime que Google avec ses Google Car mettra alors des écrans de publicité sous les yeux du conducteur bloqué dans les embouteillages. BMW, pour sa part, veut procéder très progressivement en matière de publicité, et défend la voiture synonyme du plaisir de conduire. 

La voiture sans chauffeur gagne en crédibilité chaque jour. BMW estime être globalement au même niveau d’avancement que Google en ce qui concerne le véhicule autonome. « L’horizon de la voiture totalement autonome c’est 2020 pour BMW » rappelle Vincent Costet, chef de produit Options et Planification Marketing chez BMW France. il a pris la parole à l’occasion de l’événement T2Marketing, organisé le 17 Juin, à la cité de la mode, à Paris.

Procéder avec prudence en matière de publicité

Quant à la publicité dans les véhicules, ciblée à partir des données des clients, le constructeur allemand entend procéder très progressivement, au fur et à mesure que le principe entrera dans les mœurs. Il estime d’ailleurs que l’objectif de Google est de mettre le conducteur devant des écrans de publicité dans ses voitures autonomes coincées dans les embouteillages, alors que BMW défend le plaisir de conduire, « que les robots ne peuvent pas nous enlever. »

« Aujourd’hui, nous savons fabriquer des voitures qui réalisent des parcours relativement simplistes » déclare Vincent Costet. « L’horizon de la voiture totalement autonome, c’est 2020, il faudra que le législateur accompagne le mouvement » poursuit-il. Cette année, des progrès techniques ont été réalisés dans les manœuvres d’urgence, à plus haute vitesse.

Google veut mettre les conducteurs devant des publicités

Comment BMW se différencie-t-il de Google dans la voiture autonome ? « Aujourd’hui, l’analyse que l’on fait c’est que l’objectif de Google est de profiter du temps de transport, pour que les gens soient devant des écrans pour regarder de la publicité, et que si le conducteur passe deux heures dans les embouteillages autant qu’il soit complètement concentré sur les messages, et regarde des écrans » décrit Vincent Costet.

« Pour notre part, en tant que constructeur automobile, on va continuer à faire des véhicules qui seront au service du conducteur, et du plaisir de conduire » tranche-t-il. « Le véhicule autonome chez BMW c’est d’apporter une assistance, allant jusqu’au véhicule 100% autonome dans des situations de conduite effectivement monotones, un embouteillage, une route sans commande particulière » relève-t-il.  

Le véhicule doit apporter une assistance dans les situations d’urgence

« A l’inverse, on veut également apporter une assistance, et c’est déjà le cas aujourd’hui, dans les situations extrêmes où la machine va pouvoir mieux réagir que le conducteur moyen, c’est le cas avec tous les systèmes anti-dérapages. »

Et sur les routes où il y a encore un parcours intéressant, « sur lequel on peut avoir encore un vrai plaisir à conduire, là on laisse le conducteur complètement avoir la main, et qu’il puisse profiter de la qualité de nos automobiles, de la sensation et du plaisir qu’il peut prendre à conduire une automobile, avec notre savoir faire dans les moteurs et dans les châssis, cela aucun robot ne pourra nous l’enlever » vante-t-il.

BMW efface les données une fois le service rendu

Désormais, les véhicules collectent énormément de données. Que compte en faire BMW ? « Aujourd’hui, on recueille des données, la politique du groupe est de les effacer.  Lorsqu’on construit une demande, on crée le service, et après la donnée est effacée. Par exemple je recherche un point d’întérêt par une requête, on fournit le point d’intérêt, et après la donnée est effacée » illustre Vincent Costet.


Côté publicité dans les véhicules, BMW compte progresser prudemment. « On proposera dans les prochaines années un service, avec éventuellement de la publicité, de la promotion. C’est un sujet extrêmement sensible qui avait été déjà envisagé il y a quelques années, et cela avait été arrêté, » rappelle-t-il. L’objectif de BMW est de ne pas décevoir le client qui risque de faire rimer « véhicule connecté » avec « publicité », et de se dire qu’il a compris qu’il est en train de se faire avoir.

Ne pas tuer le phénomène dans l’oeuf

BMW ne veut pas tuer dans l’œuf le véhicule connecté à cause de la publicité. « L’idée est plutôt dans un second temps, une fois que les personnes sont complètement à l’aise avec cela, qu’elles puissent dire ‘je suis d’accord pour recevoir ce genre de contenu ou non pas du tout’. Cela arrivera dans quelques années » commente-t-il.

Plus globalement, une étude menée auprès des clients des constructeurs automobiles, montre que 3% de personnes ne sont pas intéressées par les véhicules disposant de services connectés, 15% sont intéressés si c’est gratuit, et le reste sont prêts à payer, si cela apporte de la valeur ajoutée.

Sécurité, confort et infotainment

Les fonctions disponibles par  ce biais sont alors la sécurité, avec du prédictif pour prévenir un accident, en faisant dialoguer entre eux les véhicules, et c’est également le confort et l’infotainment. « Pour nous le contenu, ce ne doit pas être tout et n’importe quoi, il faut que cela ait un rapport avec l’automobile. Notre légitimité est sur l’automobile »  martèle Vincent Costet.

Dans le futur, les voitures autonomes seront utilisées d’abord sur les voies rapides, les autoroutes. L’usage en milieu urbain, plus chaotique, ce sera « dans assez longtemps. »  En attendant, la prochaine date sur le calendrier sera octobre 2017 avec l’obligation de disposer d’un dispositif d’appel d’urgence dans tous les véhicules de l’union européenne. En cas d’accident, la voiture appelle et envoie un certain nombre de données, la position, le nombre de personnes à bord, l’intensité du choc, et en même temps, il y a un appel vocal au service d’assistance.

40% des clients choisissent le pack d’infotainment

« Il y a 85 000 voitures BMW roulantes en France dotées de l’appel d’urgence, et pour l’infotainment, et le confort, le parc actif équipé est de 40 000 voitures. Assez vite, 100% des voitures auront l’appel d’urgence, et 40% de nos clients choisissent le pack confort et infotainment. Ce n’est donc pas un gagdet »  déclare-t-il.

En conclusion, Vincent Costet entend souligner l’importance du programme « connected drive », ou voiture connectée, en indiquant qu’il est au même niveau stratégique et d’investissement chez BMW que le programme de réduction d’émission de CO2.

Photo, Vincent Costet, chef de produit Options et Planification Marketing chez BMW France, le 17 Juin. 

Une réaction sur “BMW : « Google veut asseoir le conducteur devant des écrans de publicité »” :

  1. Dimitri Carbonnelle - Livosphere

    La stratégie de Google de libérer l’attention du conducteur pour la diriger vers ses publicités s’étend bien au-delà avec les Google Glass, les lentilles pour diabétiques qui permettent d’avoir de la publicité directement devant les yeux sans intrusion externe possible.

    Les autres axes de Google sont de donner accès à chacun accès à Internet partout (et ainsi d’accéder aux pubs Google), d’avoir des publicités hyper-contextualisées (et augmenter le coût moyen par clic) grâce aux informations captées par les objets connectés. Pour finir plus la population est importante, plus les revenus de Google sont élevés, donc même les ambitions transhumanistes de Google servent les intérêts de Google…

    Cela se traduit par une équation, l’équation PITA qui donne la valeur de Google et lui assure sa croissance si elle parvient à jouer sur chaque variable.

    Valeur PITA de Google = P ( population moyenne pour 50 prochaines années ) * I ( % des personnes qui peuvent avoir accès à Internet ) * T ( % Temps ( heures par jour ) où ils sont exposés à des annonces Google ) * A ( montant des recettes publicitaires (Ads) de Google par heure ).

    Dimitri Carbonnelle – Livosphere – livosphere.com

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