Pour Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique, l’usage de la reconnaissance faciale doit faire l’objet d’un débat national en France. Il est partisan d’expérimentations qui seront suivies d’un débat national avant que le gouvernement ne prenne sa décision. Il s’est exprimé à l’occasion de la présentation du baromètre de la confiance des Français dans le numérique établi par l’Acsel, le 25 février à Bercy, dans les locaux du ministère des Finances.
Des opportunités pour l’ordre public et la sécurité
La reconnaissance faciale apporte des avancées. « Il y a des opportunités pour la reconnaissance faciale dans les domaines de la santé, des usages privés, de l’ordre public ou de la sécurité » liste le ministre. Pour autant, il reconnaît que cette technologie pose des défis pour la vie privée, pour les libertés publiques et parce qu’il s’agit d’une technologie cliquet car quand on commence à la déployer, on ne revient jamais en arrière.
« Il faut un débat à la manière de celui sur les lois bioéthiques »
Avant cette phase de débat, il préconise une phase d’expérimentation dans divers cas d’usage. « En tant que secrétaire d’état au numérique je ne sais pas si c’est efficace comme technologie pour reconnaître les gens sur la voie publique. Je n’en ai aucune idée. Je voudrais que l’on se fasse notre propre avis selon des protocoles scientifiques dont les résultats doivent être publics » propose-t-il.
Les Français doivent tracer leur propre ligne rouge
Il considère qu’une démocratie peut avoir ce débat collectif qui fixe ce que les Français veulent et ce qu’ils ne veulent pas, par exemple pour les enfants. « Il faut que l’on se fixe notre propre ligne rouge. Sinon ce que l’histoire montre c’est que lorsqu’une technologie est disponible, on finit par l’utiliser et un jour, il y aura des attentats en France, et le gouvernement décidera du jour au lendemain d’y aller » dit-il. A ce jour, il estime que la reconnaissance faciale est à peu près interdite par le RGPD mais que cela souffre beaucoup d’exceptions. « On pourrait l’autoriser pour des questions d’ordre public. L’ordre public souffre d’une définition qui est assez peu claire » indique–il.
« L’authentification par reconnaissance faciale me semble moins problématique que l’identification »
Il ajoute qu’il faut mettre des règles dans ce domaine de l’authentification, encadrer ce que le fournisseur de services fait des données, encadrer sa capacité à revendre ces données, etc. et protéger la vie privée. Mais au bout du compte « cela me semble relativement peu problématique en termes de vie privée et de libertés publiques » insiste-t-il. Il donne également comme exemple de la banalisation de la technologie, l’usage de la reconnaissance faciale à l’aéroport Charles de Gaulle lorsque le passager utilise le système Parafe (Passage automatisé rapide aux frontières extérieures). « Dès lors que vous ne faites pas n’importe quoi avec les images cela ne me semble pas très problématique » établit-il.
La France n’ira pas dans la même direction que la Chine
Le sujet qui est en question est l’identification, pointe-t-il. « Tout le monde a en tête l’exemple chinois. On se dit que l’on va faire tourner des algorithmes de reconnaissance faciale pour reconnaître tout le monde partout dans la rue sur des mécanismes de vidéosurveillance » décrit-il. Il entend se montrer rassurant. « Nous n’irons jamais vers l’exemple chinois » conclut-il. Le débat collectif devra donc définir notre manière d’employer la reconnaissance faciale.