Dans la tête du patron de Renault : comment devenir une software company

Luca De Meo, DG de Renault

Il faut savoir pousser ses ingénieurs à rêver et imaginer l’impossible. C’est ce que propose Luca De Meo, DG de Renault, interviewé sur le plateau de BFM le 7 février quand on évoque un futur fait de voitures autonomes, de voitures sans conducteur. Cependant la création d’une voiture réellement autonome et sans conducteur apparaît lointaine et peu stratégique à l’écouter.

Améliorer la sécurité et le confort d’abord

L’objectif est surtout d’améliorer le véhicule du quotidien grâce aux technologies développées pour le véhicule autonome. « La voiture autonome arrivera par petits morceaux. La technologie va améliorer la sécurité ou le confort. Mais je ne vois pas aussi facilement de voitures qui sortent sans volant où les gens ne conduisent pas pour différentes raisons » tempère le dirigeant. L’intérêt de la voiture autonome est surtout de motiver les ingénieurs. « C’est intéressant d’avoir l’utopie d’avoir une voiture sans volant qui roule automatiquement parce que cela pousse tous les ingénieurs à la limite » résume le DG.

« Le vrai changement sera de voir la voiture comme un smartphone »

Chez Renault, la voiture autonome arrive par morceaux. Le constructeur automobile propose l’Austral qui a 30 systèmes d’assistance à la conduite. Pour le DG qui dirige Renault depuis 2 ans et demi, la véritable évolution est la voiture connectée. « Le vrai changement sera de voir la voiture comme un smartphone. C’est-à-dire la connectivité et la possibilité de mettre à jour le logiciel. Cela va changer l’expérience du client » dit-il. Un discours qu’il tenait lors du salon Viva Tech en 2022 et qui est le quotidien des clients de Tesla.

Le DG défend le savoir faire technologique de Renault et refuse de se considérer comme un simple ensemblier de composants venant des géants de la technologies, qu’il s’agisse de Google ou de Qualcomm, fabricant de composants électroniques qui est partie prenante de la nouvelle entité Ampère de Renault de fabrication de véhicules électriques. « N’importe quelle technologie doit être intégrée. Je suis content qu’une société de la technologie ait envie d’investir. Nous sommes en train de développer une architecture électronique de nouvelle génération en France qui sera dans les voitures Renault à partir de 2025 ou 2026 » se réjouit-il.



La France positionnée sur la partie haute de la valeur ajoutée

« Nous remettons la technologie au centre du village. Nous poussons la France sur la partie la plus haute de la chaîne de la valeur. C’est la stratégie et pour l’instant cela a l’air de marcher » revendique-t-il. Le DG considère le logiciel comme clé. « Nous sommes en train d’embaucher beaucoup de monde dans la partie logicielle. Renault est une entreprise technologique et non traditionnelle qui assemble seulement les pièces. Un semi conducteur et son logiciel doivent être programmés. Le système de navigation de la Mégane est considéré comme étant l’un des meilleurs. Cela a été fait par Renault avec Google » illustre-t-il.

Il va y avoir un partage des usines entre Renault et Nissan et Mitsubishi pour la production de véhicules

Plus globalement, Renault veut pouvoir jouer les effets d’échelle au niveau mondial. Il va y avoir un partage des usines entre Renault et Nissan et Mitsubishi pour la production de véhicules. L’alliance avec les Japonais Nissan et Mitsubishi a été renégociée après 6 mois afin d’établir une relation de confiance et de business sans y mettre d’émotions et d’affect.

Les projets communs doivent avoir des bénéfices pour Renault et Nissan. « 60% à 90% des plateformes sont partagées avec Nissan et Mitsubishi. Nous achetons 90 milliards de composants ensemble » décrit Luca De Meo. Renault va jouer sur les effets d’échelle via l’alliance avec Nissan. La stratégie a changé et n’est plus de massifier les ventes. « Nous gagnons plus d’argent lorsque nous vendons 2 millions de voitures que lorsque nous en vendions plus de 3 millions. Nous avons une stratégie sur la profitabilité et cela marche plutôt bien » conclut le DG.

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