Deliveroo veut payer ses livreurs au rendement à Londres, ça coince

William Shu, DG et fondateur de Deliveroo
[dropcap]O[/dropcap]n peut avoir levé 500 millions de dollars de financement dans les derniers mois et être près de ses sous ! William Shu, le DG et fondateur de Deliveroo, une startup de livraison de repas née en Grande Bretagne, a du monter au créneau le 15 août  sur les ondes de la BBC, pour tenter de justifier le nouveau plan de rémunération de ses livreurs.

Ce plan de rémunération doit lui permettre d’assurer la rentabilité de son entreprise, en mettant la pression sur ses milliers de livreurs.

Paiement pour chaque livraison 

Il veut passer d’un paiement fixe complété d’une rémunération pour chaque livraison, à une rémunération uniquement variable. Ni les livreurs ni le gouvernement britannique n’en veulent.

Deliveroo - DG - BF3

William Shu, DG et fondateur de Deliveroo, à la radio le 15 août

Au-delà, , il a du assurer que ses livreurs continueraient de recevoir au moins le salaire minimum légal du Royaume Uni. Deliveroo dispose de 3000 livreurs à Londres, et 6000 en tout en Grande Bretagne. Quand il s’agit de livrer quelque chose, ce sont les livreurs qui sont indispensables mais qui peuvent vite devenir coûteux. D’où la volonté de William Shu d’en avoir pour son argent et ne de pas payer ses livreurs à ne rien faire.

William Shu essaye de passer d’un paiement de 7 £ (8,05 €) à l’heure plus 1 £ (1,15 €) pour chaque livraison assurée, à uniquement une rémunération plus importante par livraison, de 3,75 £ (4,3 €).


Comme le soulignait le DG de Take Eat Easy, Adrian Roose, une société concurrente de Deliveroo dans la livraison de repas créée en Belgique en 2013, « l’essentiel de la profitablité est dans les mains des livreurs. En dessous de 1,5 course par heure et par livreur, cela affecte négativement la marge. » Pour sa part, il tablait sur une rémunération de 15 € par heure pour éviter que les coursiers ne quittent le job.

Les coursiers sont la source principale de profitabilité

Take Eat Easy a été contraint de déposer le bilan fin juillet après avoir tout misé sur un financement de relance par une société française de logistique qui devait amener 30 millions d’euros mais qui au dernier moment aura renoncé.

Quant à Deliveroo, sous la pression, le DG a du mettre de l’eau dans son vin. « Les livreurs pourront choisir entre l’ancien mode de rémunération et le nouveau. Mais dans le nouveau mode, nos calculs montrent qu’ils gagnent plus« , martèle William Shu. A l’heure actuelle, un livreur gagnerait de 9,2 à 9,3 £ par heure (10,6 € à 10,7 €) selon l’ancien mode de paiement. Un livreur interviewé par le Telegraph parle de pression intolérable en ce qui concerne le nouveau mode de rémunération.

Salaire légal minimum de 8,3 € par heure 

Autre contribution de Deliveroo, la société paie l’essence des scooters de ses livreurs. Ceux-ci pour leur part doivent acheter leur scooter. Reste que 65% des livreurs sont des cyclistes.

Le salaire horaire minimum est de 7,2 £ (8,3 €) en Grande Bretagne à moins que les personnes rémunérées ne soient définies comme étant des travailleurs indépendants par une cour de justice ou le HMRC (Her Majesty’s Revenue and Customs) qui est chargé de collecter les taxes.

Deliveroo a été rappelé à l’ordre par le gouvernement qui lui a intimé de se conformer au salaire minimum, et la société ne peut pas se réfugier derrière le fait qu’elle définit ses livreurs comme étant des travailleurs indépendants.

Les coursiers sont-ils des travailleurs indépendants ?

Dans le modèle économique de Deliveroo, la livraison est facturée 2,50 livres (2,9 €) au client. Et tout repose sur les livreurs. Deliveroo tente de les payer à la tâche réalisée. Et ce n’est pas gagné.

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