Des grandes entreprises s’inquiètent de la régulation européenne sur l’IA

Plus de 150 grandes entreprises avertissent dans une lettre ouverte envoyée vendredi 30 juin à la Commission européenne, au parlement et aux États membres, que le projet européen de régulation de l’intelligence artificielle par l’ « AI Act » risque de nuire à la compétitivité de l’Union Européenne, en particulier par rapport aux Etats-Unis. La lettre a été consultée par l’AFP et le Financial Times.

Mise en péril de la compétitivité sans s’attaquer efficacement aux défis

« Le projet de législation mettrait en péril la compétitivité et la souveraineté technologique de l’Europe sans s’attaquer efficacement aux défis auxquels nous sommes et serons confrontés » ont déclaré des dirigeants d’entreprises telles que Meta, Airbus, Heineken, Peugeot, Renault et Siemens. Les entreprises déclarent aux institutions européennes que l’IA offre la « chance de rejoindre l’avant-garde technologique », mais qu’une réglementation trop stricte pourrait étouffer cette opportunité.

Les entreprises seraient confrontées à des coûts de conformité et à des risques de responsabilité disproportionnés

Selon ces dirigeants, avec le projet de texte actuel, l’IA générative serait fortement réglementée. Les entreprises développant et mettant en œuvre de tels systèmes seraient confrontées à des coûts de conformité et à des risques de responsabilité disproportionnés, indique la lettre. Cela pourrait inciter des entreprises très innovantes à transférer leurs activités à l’étranger et inciter des investisseurs à se désengager du développement de l’IA européenne. Il en résulterait un écart de productivité critique par rapport aux Etats-Unis, ont-ils affirmé.

« L’Europe ne peut pas se permettre de rester sur la touche », indique la lettre. Au lieu de concentrer de mettre en œuvre une « conformité rigide », les régulateurs de Bruxelles devraient produire une loi qui se limite à « des principes généraux dans une approche basée sur les risques ».

Un co-rapporteur du projet AI Act balaie les objections

Côté Parlement européen, la réaction est vive. Les signataires de cette lettre semblent n’avoir pas lu le texte et réagissent « sur l’impulsion de quelques-uns », réagit Dragoș Tudorache, député roumain européen Renew, co-rapporteur du projet de loi sur l’AI Act, en réponse à la lettre, et cité par le Financial Times. « Il est dommage que le lobbying agressif de quelques-uns capture d’autres entreprises sérieuses » déclare-t-il. Cela « sape malheureusement l’indéniable avance que l’Europe a prise » au niveau mondial en matière de réglementation, ajoute-t-il auprès du Financial Times.


Les eurodéputés ont approuvé le 14 juin un projet de texte sur l’intelligence artificielle qui doit désormais être négocié avec les États membres. La Commission européenne souhaite conclure avant la fin 2023 ce règlement encadrant l’intelligence artificielle.

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