DG de Showroomprivé : « créer un poste de Chief Digital Officer ne sert à rien »

Thierry Petit, cofondateur et co-DG de Showroomprivé, 28 juin

Le parler vrai est-il l’apanage des entrepreneurs ? On pourrait le penser à l’écoute de Thierry Petit, co-fondateur et co-dirigeant de Showroomprivé.com. Il a pris la parole le 28 juin, à l’occasion de la journée organisée par la Fevad sur l’apport des startups au e-commerce, à Paris.

Toute l’entreprise doit penser e-commerce

Première question : la transformation digitale d’une entreprise passe-t-elle par la nomination d’un Chief Digital Officer ? Plutôt non, si l’on en croit Thierry Petit. « La stratégie est pertinente quand elle est portée par la direction générale. Quand on crée un poste de Chief Digital Officer dans une entreprise, je me dis que cela ne sert à rien, idem pour un poste de responsable e-commerce, ou mobile. C’est toute l’entreprise qui doit penser e-commerce, digital ou mobile, » débute-t-il. En particulier, « ceux qui ont raté le mobile ont raté leur modèle, » dit-il.

Par ailleurs, si l’on souhaite travailler avec des startups, les grandes entreprises fonctionnent encore trop souvent sur le mode cosmétique, parce que cela fait bien pour les actionnaires, les médias, … Certaines créent des incubateurs. Showroomprivé.com anime son propre incubateur de startups qui aide 10 jeunes sociétés par an, en fournissant ses bonnes pratiques, ses contacts commerciaux, ses expertises internes, etc.

Par exemple, « si quelqu’un veut lancer son site en Italie, on va le mettre en contact avec notre country manager italien, si quelqu’un veut tester des campagnes mobiles, on va le mettre en contact avec la personne qui bosse réellement, qui apporte une valeur, qui sont confrontés à la vérité du côté opérationnel. Ce qui a une valeur forte pour les startups. Ce ne sont pas des consultants que je vois souvent dans des incubateurs, » attaque Thierry Petit.

Les consultants sur la sellette


Il tacle les consultants qu’il ramène au rôle de beaux parleurs mais petits faiseurs. « Je me dis que la personne sait faire des slides mais qu’elle n’a jamais vraiment mis les mains dedans, » lance-t-il, tout en regrettant sa franchise. « J’exagère, je suis désolé, je suis maladroit, » s’excuse-t-il.

Quant aux grandes entreprises qui souhaitent se rapprocher des startups, Thierry Petit avertit que souvent : « le dialogue avec les startups est réalisé par des interlocuteurs internes qui n’ont aucun pouvoir de décision. Ces interlocuteurs utilisent leur connaissance des startups, du style ‘j’ai trouvé une pépite et je connais bien ce monde-là’, pour se faire mousser en interne. »

Résultat, les startups s’épuisent sans voir de réels débouchés se concrétiser avec la grande entreprise. « Il faut un engagement à un moment. Les startups, ce n’est pas juste exploratoire. Il y a une forme de respect à avoir, et trop souvent j’ai vu des dérives qui mettent en danger des jeunes pousses, » dit-il.

Showroomprivé a été créé en il y a 10 ans par deux personnes, dont Thierry Petit. La société emploie désormais 1200 personnes. « Je me bats quotidiennement pour que tout le monde reste agile, l’accompagnement de startups nous y aide, » conclut le DG.

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