Intelligence artificielle : l’Unesco fait appel à 17 femmes expertes pour une IA éthique

Alessandra Sala, Directrice de l'intelligence artificielle chez Shutterstock

L’Unesco vient de lancer Women4Ethical AI, un réseau des femmes pour une intelligence artificielle (IA) éthique. Il s’agit d’une plateforme collaborative réunissant des expertes et présentée comme visant à « soutenir les gouvernements et les entreprises dans leurs efforts pour assurer l’égalité des genres dans la conception et le déploiement de l’IA ». Les membres de cette plateforme contribueront à l’avancement de toutes les dispositions éthiques contenues dans la recommandation de l’Unesco.

Des femmes sous représentées dans le numérique

L’Unesco agit car il regrette que  les femmes soient sous-représentées dans la recherche et la conception des technologies numériques. L’organisation internationale estime que les besoins et les expériences des femmes sont négligés par les concepteurs, et que les données utilisées pour façonner l’IA sont souvent biaisées au détriment des femmes et des filles.

« Les femmes et les filles sont 4 fois moins susceptibles de savoir programmer des ordinateurs »

« Actuellement, au niveau mondial, les femmes et les filles sont 4 fois moins susceptibles de savoir programmer des ordinateurs et 13 fois moins susceptibles de déposer un brevet dans le domaine des TIC (Technologies de l’information et de la communication » déclare l’Unesco.

Toujours selon l’Unesco, les femmes ne représentent  que 6 % des développeurs de logiciels professionnels, que 12 % des chercheurs en intelligence artificielle au niveau mondial et 20 % des employés occupant des fonctions techniques dans les entreprises d’apprentissage automatique (Machine Learning). « Il est urgent de rééquilibrer la situation des femmes dans l’IA pour éviter les analyses biaisées » revendique Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco.

Une plateforme réunissant 17 expertes

Women4Ethical AI est une plateforme collaborative qui réunit 17 expertes issues du monde universitaire, de la société civile, du secteur privé et d’organismes de régulation dans le monde. Elles partageront leurs recherches et contribueront à l’élaboration d’un référentiel de bonnes pratiques. La plateforme favorisera le développement d’algorithmes et de sources de données qui veulent être non discriminatoires.

« Grâce à ce réseau de femmes dynamiques et engagées, nous accomplirons de réels progrès »

L’objectif est d’inciter les filles, les femmes et les groupes sous-représentés à participer à l’intelligence artificielle. « Grâce à ce réseau de femmes dynamiques et engagées, nous accomplirons de réels progrès pour garantir des résultats inclusifs et équitables en matière d’intelligence artificielle » se félicite Gabriela Ramos, sous-directrice générale de l’Unesco pour les sciences sociales et humaines et coprésidente de la plateforme.

« Nous devons placer l’éthique et l’égalité au cœur de la discussion sur la gouvernance de l’IA » affirme pour sa part Alessandra Sala, Directrice de l’intelligence artificielle et de la science des données chez Shutterstock et coprésidente de la plateforme. « Nous devons nous engager à mettre en œuvre des recommandations éthiques comme vecteurs de protection des droits humains, des libertés fondamentales et de la dignité humaine » poursuit-elle.

Des budgets pour pousser les femmes


Afin de favoriser l’inclusion et l’autonomisation des femmes à chaque étape du développement de l’IA figurent l’octroi d’allocations budgétaires et un accompagnement des femmes du monde universitaire, de la recherche, et de l’entrepreneuriat. L’Unesco s’inquiète que les systèmes d’IA dupliquent et amplifient les préjugés existants et d’en créer de nouveaux.

« Le manque de diversité dans les données, dans les équipes de programmation ou dans les approches conduit à des outils d’IA biaisés qui génèrent des résultats discriminatoires » déclare l’Unesco. « Les diagnostics médicaux fondés sur des données collectées uniquement auprès d’hommes constituent un exemple éloquent d’impact néfaste des données biaisées » conclut l’organisation.


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