Jaguar Network, l’acteur marseillais des services télécoms monte en puissance

Kevin Polizzi, Président fondateur de Jaguar Network, 15 novembre (Photo Alper Dinçel)

Les initiatives en région sont la clé du développement des services numériques de nouvelle génération. Jaguar network a inauguré le 15 novembre à Marseille son “Centre de Recherche en Intelligence Artificielle” Quanta, à deux pas de son Data Center spécialisé dans la délivrance de services d’hébergement de serveurs, de Cloud et de services télécoms.

Doubler le chiffre d’affaires en 2 ans

400 personnes ont répondu à l’invitation de Kevin Polizzi, Président fondateur de Jaguar Network, dont des élus locaux et Renaud Muselier, Président de la région PACA ainsi que des clients, prospects, partenaires et fournisseurs. La presse était invitée dont La Revue du Digital.

L’enjeu est de taille pour les équipes de Kevin Polizzi. « Nous voulons devenir une ETI [NDLR : entreprise de taille intermédiaire] en doublant notre chiffre d’affaires en 24 mois. Nous voulons passer de 42 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 à 100 millions d’euros en 2020 » annonce-t-il, confiant.

C’est une belle perspective pour cette société marseillaise créée en 2001 et devenue un acteur majeur des télécoms de la région. Kevin Polizzi en est l’actionnaire majoritaire. Son frère jumeau est également présent au capital ainsi que le fond d’investissement Naxicap depuis 2014.

Quanta, un smart building indépendant au niveau énergétique

Le Data Center Quanta a été construit en 18 mois pour un coût de 16 millions d’euros, dont 10% financés par des fonds européens. Il additionne les labels et certifications : BEPOS (bâtiment à énergie positive), NF HQE, Bâtiment Durable Méditerranéen et Wiredscore Platinum. Grâce à 48 panneaux photovoltaïques, un système de chauffage au plafond dans les bureaux et l’isolation thermique externe, le bâtiment assure son indépendance énergétique.

C’est un « smart building » car il est « truffé de capteurs qui se parlent entre eux », explique Philippe Rampal, Chief Operating Officer et membre du Comex de Jaguar Network, depuis mai 2018/ « Il n’y a plus besoin d’alarmes par exemple, car l’analyse des données collectées par les 1500 capteurs, dont ceux d’hygrométrie, de CO2 ou de luminosité, nous permet de détecter une intrusion anormale et d’anticiper le danger », pointe-t-il.

Quanta, un centre de recherche et d’innovation

Jaguar Network a présenté lors de cette soirée inaugurale les innovations qu’il a conçues. Au niveau télécoms, ils développent actuellement une box, baptisée « Jaguar Box », qui viendra concurrencer celles d’Orange et de SFR. Côté objets connectés et analyse de données, Jaguar Network mise sur un boîtier doté de capteurs permettant de détecter les risques de surchauffe à l’origine d’incendies. Le boîtier, intitulé Spectre, est issu d’un récent partenariat avec la société HDSN (Home Detection Sensor Network).


Ce boitier placé dans les armoires informatiques, détecte un incendie à partir de l’analyse de données chimiques. Il fonctionne comme un nez « mille fois plus puissant que le nez humain » présente Jean-François Carrasco, Directeur des projets de Jaguar Network.

Passer de nouvel entrant à leader

Kevin Polizzi annonce que ses équipes commerciales vont peu à peu se concentrer sur les grands comptes et passer par des revendeurs pour le reste du marché. « Les revendeurs ont besoin de se réinventer mais ils n’ont pas la capacité à innover en interne » considère le dirigeant. Jaguar Network les cible avec ses innovations. L’hébergeur et prestataire télécoms consacre 10 % de son chiffre d’affaires à la recherche et au développement. « Par rapport au marché, les entreprises qui investissent beaucoup en R&D sont à 3 % et la moyenne des entreprises françaises est de 1 %”, compare le Président de Jaguar Network.

« Nous nous positionnons comme intégrateur unifié Cloud, télécoms et IoT [NDLR : internet des objets] » explique Kevin Polizzi. « Nous sommes les seuls à avoir cette proposition de valeur sur le marché » considère le dirigeant. La capacité à innover en matière d’objets connectés permettra de « passer de nouvel entrant à leader » conclut-il.

Kevin Pollizi, un dirigeant qui a son franc parler

Selon Kevin Polizzi, Président fondateur de Jaguar Network, ce qui fait de son entreprise une « entreprise smart » c’est sa capacité à prendre des décisions rapidement. « Les dirigeants des entreprises françaises ne font pas de résistance au changement mais de la résistance à la pédagogie. Leur ennemi, c’est le temps » analyse-t-il. « Il y a encore trop de dirigeants qui ne prennent pas le temps de faire les choses essentielles. Ils laissent leurs équipes passer du temps sur la paye ou ils ne testent pas leurs sauvegardes, par exemple » illustre-t-il. La transformation numérique doit permettre de confier ces tâches en toute sécurité à des prestataires de confiance, comme Jaguar Network, considère-t-il.
Les entreprises doivent aussi s’intéresser de plus près à la chaîne de valeur et se concentrer sur ce qui rapporte, estime Kevin Polizzi, car c’est le rôle du dirigeant. « Toutes les semaines, moi-même, je m’attrape avec mon directeur financier. Si je l’écoutais, selon lui, une entreprise qui sait bien vendre des crêpes doit continuer à vendre des crêpes. Mais moi, j’ai un coup d’avance. Je sais que la croissance est ailleurs ». Il ajoute que si son entreprise propose de l’intelligence artificielle à ses clients, « ce n’est pas de l’intelligence artificielle pour les bobos mais celle qui permet aux entreprises de générer du profit complémentaire c’est-à-dire des produits vendus » termine-t-il.

La qualité des locaux est un déclencheur de business

Le Data Center Quanta se positionne aussi en tant que « smart building » adapté au management des équipes. « Fini le management pyramidal, chacun apporte sa pierre à l’édifice » explique Philippe Rampal. Chief Operating Officer de Jaguar Network.
La configuration des lieux a été pensée pour faciliter la communication entre les différents départements grâce à ses parois vitrées, ses espaces d’échanges et étages ouverts. La Gestion Technique du Bâtiment sert à modifier l’éclairage à distance.
Exemple pour le management des équipes : « les leds se mettent au rouge quand le service financier veut indiquer aux équipes que la période de facturation a commencé et qu’il faut stopper le recettage » illustre Philippe Rampal. Gadget ou réel outil de management, l’idée donne aux équipes le sentiment d’appartenir à une entreprise qui cherche à innover.
Les salariés, à 90% des ingénieurs spécialisés, ont besoin de bonnes conditions pour travailler. « Ils sont exigeants car ils sont passionnés et ont la possibilité d’aller travailler ailleurs » constate Philippe Rampal. Il est crucial que les salariés se sentent heureux et libres d’agir car ils sont les garants de la qualité de service attendue par les clients. « Nous nous différencions par la qualité de nos services à nos clients afin qu’eux-mêmes puissent servir leurs propres clients » insiste le Chief Operation Officer. Pour que les entreprises se transforment, il faut d’abord « créer les conditions du changement » souligne Kevin Polizzi, Président de Jaguar Network. Des visites du bâtiment sont organisées tous les jours pour des chefs d’entreprises et entrepreneurs. « Une fois qu’ils ont vu comment nous fonctionnons, ils ont envie de travailler avec nous » établit le dirigeant.

Sandrine Baslé

Sandrine Baslé est spécialiste de la relation client, du marketing et de la vente de services. Ancienne d’Ipsos et de l’Institut CSA, elle a conduit de nombreuses missions de conseil dans le cadre de changement de culture d’entreprises. Elle a été avocate puis correspondante à Londres du journal Service News. Elle est également enseignante en marketing, études de marché et communication à l’IIM (Institut d’Internet et du Multimedia) et à TBS (Toulouse Business School) et directrice associée de Qualiview conseil.

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