JD.com : « nous avons déjà fait 40 000 livraisons par drone en Chine »

Florent Coureau, DG France de JD.com, 8 novembre

Les géants chinois du e-commerce suscitent du fantasme en France. Mais pour Florent Coureau, DG France de JD.com, il est l’heure de travailler ensemble.

JD.com a 20 ans et 56 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2017

JD.com est une plateforme chinoise de e-commerce, créée en 1998 et qui atteint 55,7 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Ce commerçant grand rival de la place de marché Alibaba est en croissance de 40% et annonce 300 millions de clients. Florant Coureau a pris la parole à l’occasion de l’événement « retail 4.0 » organisé par le cabinet conseil Bearing Point, le 8 novembre à Paris.

JD.com recherche des produits français à vendre en Chine et vient vendre ses technologies

Le DG France nommé en début d’année 2018 reconnaît l’aspect fantasmé des entreprises chinoises par les sociétés françaises. Et il propose deux niveaux de coopération.
JD.com recherche des fournisseurs français dont les produits plus hauts de gamme intéressent les consommateurs Chinois et d’autre part, il entend commercialiser les technologies qu’il a développées en Chine. Cela concerne entre autres, l’optimisation de la distribution des produits, les nouveaux modes de paiement, la reconnaissance faciale, l’agencement des points de vente ou la livraison par drone, JD.com ayant déjà réalisé 40 000 livraisons par ce moyen en Chine.

Côté fantasme, « les choses bougent. Nous avons ouvert un bureau à Paris. Nous commençons à parler avec les gens ici, et donc cet écart imaginaire va se transformer en une compréhension mutuelle » pense le DG France. « Il y a une aventure magnifique qui s’ouvre aujourd’hui entre un savoir faire qui a été développé en Chine, qui a été longtemps à l’autre bout du monde, et l’on se rend se compte aujourd’hui que c’est le même continent. On est assez proches » s’enflamme-t-il.

Trouver de beaux produits à amener en Chine

« Il y a une frange de la population chinoise qui dispose de moyens accrus, ce qui justifie beaucoup notre présence à Paris .Notre rôle est de trouver des beaux produits à amener en Chine pour y nourrir  un appétit de découverte et de montée en gamme » précise-t-il.

JD.com propose une offre de ‘Retail as a Service’

L’autre raison de la présence de JD.com dans l’hexagone est la vente auprès des commerçants de ses technologies développées en Chine. « Nous avons un modèle de ‘retail as a service’, bâti sur notre savoir faire en logistique avec une optimisation par de l’intelligence artificielle pour prédire les stocks et les pré-positionner lorsqu’il y a des grands réseaux d’entrepôts » cite le DG. « Nous avons des réunions avec un certain nombre d’acteurs de la distribution dont E.Leclerc pour parler des choses que l’on pourrait faire pour les aider. Nous avons cette ambition » affirme le dirigeant.

De multiples innovations peuvent être proposées en France. Elles seront inspirées du concept store ouvert par JD.com à Shanghaï dans lequel il évalue un ensemble de techniques y compris la reconnaissance faciale.

Le paiement transforme le commerce 

« La transformation dans le commerce de détail arrive souvent des moyens de paiement »

« La transformation dans le commerce de détail arrive beaucoup par le paiement. Nous sommes ici encore avec du cash et la carte bleue, mais les Chinois considèrent que la CB est un morceau de plastique qui ne sert à rien » relate le DG. Dans le magasin JD.com de Shanghaï, on peut sortir du magasin en payant par reconnaissance faciale. « Le paiement par reconnaissance faciale crée beaucoup de réticences en Occident, mais il y a des distributeurs de billets en Chine, où vous montrez votre visage et vous récupérez la somme que vous souhaitez de votre compte bancaire » ajoute le DG.

Les doutes sur la reconnaissance faciale vont être réglés en Occident

« Nous allons apprendre à connaître la reconnaissance faciale et régler nos doutes par rapport à cela » pense-t-il. Une alternative est le scan de QR Code. « Je vois un usage du QR Code en Europe, c’est un très bon moyen d’économiser des bouts de plastique et de passer directement sur ce que veut l’utilisateur » estime le dirigeant.

Dans le magasin de JD.com à Shanghaï, on peut manger sur place ce que l’on vient d’acheter. « J’ai voulu payer avec des billets, mais ils n’acceptent pas les billets. J’ai dû donner mes billets à un autre client pour qu’il paie pour moi via son compte client sur son mobile. Si vous n’avez pas Wechat en Chine vous êtes en mauvaise posture » dit-il, insistant sur le fait que le paiement a décidément été un moteur de l’innovation dans le retail.


La réalité augmentée pour informer le client en grande surface

Autre innovation qu’il trouve intéressante à importer dans la grande distribution : la réalité augmentée. « Car quand le consommateur arrive en super marché, il perd en informations. Il doit aller les rechercher sur son smartphone auprès des fournisseurs et des fabricants. La technologie permet ainsi de faire remonter de l’information qui correspond aux nouveaux modes de consommation » déclare-t-il.

Pour de la restauration en entreprise, nous proposons un frigidaire qui facture le client

Autre cas d’usage qu’il essaye d’amener en Europe : un frigidaire fermé à clé déblocable par QRcode. « Vous scannez le QRcode, le réfrigérateur s’ouvre. Vous prenez des aliments. Il y a des balances à l’intérieur et des caméras qui voient ce que vous prenez, et qui mesurent le poids de ce que vous avez pris. Vous refermez le frigidaire et vous êtes débité sur votre compte. C’est un parcours client pour prendre de quoi déjeuner au 3ème étage d’une tour à La Défense » relate-t-il.

Toujours lors des courses dans le magasin JD.com de Shanghaï, le client reçoit des promotions ultra-personnalisées sur son mobile, il peut sortir du point de vente en étant encaissé par reconnaissance faciale ou via un clic sur son mobile. Il peut être aidé par un robot suiveur qui porte ses courses.

Un caddy mains libres

« C’est comme un caddy mains libres » décrit Florent Coureau. On passe un bracelet de type bracelet de piscine et le caddy vous suit de façon automatique. « Et il sait ce que vous avez mis dans le caddy. Lors de la sortie en caisse, soit vous payez et mettez les courses dans votre sac, soit vous payez d’un clic de votre téléphone mobile, vous laissez le caddy tel quel en magasin, et une demi heure après vous êtes livré chez vous » présente le DG.

La fiche produit peut être rédigée par de l’intelligence artificielle à partir des commentaires des clients

Enfin, en ce qui concerne l’usage des commentaires des clients et les fiches descriptives de produits, JD.com a développé une intelligence artificielle ad hoc. Les Chinois commentent énormément sur les produits via leur smartphone. « Sur un produit, nous avons regardé hier il y avait 15 000 commentaires ! » s’étonne-t-il.

« JD.com a développé une intelligence artificielle qui reprend ces milliers de commentaires et elle en déduit une description du produit. Elle crée un libellé. Ce que vend le distributeur c’est ce qu’en disent les clients. Evidemment, elle est un peu travaillée, on ne va pas dire que le produit est mauvais parce qu’il y a 100 personnes qui en disent du mal » conclut-il en souriant.

JD.com a déjà réalisé 40 000 livraisons par drone en Chine 

Florent Coureau, DG France de JD.com, estime qu’il existe dans l’hexagone un clivage entre les villes et les campagnes sur le e–commerce en matière de livraison. « Sur Paris, on est livré en 2 heures. A Clermont Ferrand, ce n’est pas la même histoire » dit-il. « Il y a un sujet que nous développons et qui essaye de traiter cette fracture, c’est la livraison par drone parce qu’elle permet de ne pas attendre. Nous avons déjà fait 40 000 livraisons par drone en Chine » se félicite-t-il.
« Quand vous êtes en province, vous n’allez pas attendre 5 jours qu’une camionnette vous apporte votre colis. Le drone vous amène juste votre colis, il individualise le dernier kilomètre » affirme-t-il. Il s’interroge au passage sur l’efficacité énergétique entre le drone qui fait du colis par colis par rapport à des camionnettes qui même si elles ont attendu 5 jours, sont à moitié pleines.Enfin, côté livraison, JD.com mise sur l’ubérisation. « Nous avons mis en place un réseau collaboratif avec 5 millions de livreurs en Chine qui prennent des courses sur leur App mobile et qui feront la course s’ils allaient justement dans la bonne direction » termine-t-il.

JD.com : 1 nouveau client sur 4 arrive du réseau social Wechat

 JD.com est né grâce au smartphone. La croissance exceptionnelle de ce site e-commerce s’explique car il utilise le digital dans un domaine, la vente au détail, qui était peu moderne en Chine. « Et le consommateur chinois a accédé aux marques avec un smartphone dans la poche » explique Florent Coureau, DG France de JD.com.
Plus de 50% des membres de JD.com achètent toutes les semaines en ligne. 90% des clients achètent sur mobile. « Nous avons 25% de nos nouveaux membres qui viennent d’un réseau social qui s’appelle Wechat, de Tencent qui est d’ailleurs notre plus gros actionnaire » pointe le DG.
JD.com annonce 300 millions de clients et des millions de nouveaux clients chaque mois. « Sur ces millions de nouveaux clients, il y a en 1 sur 4 qui était dans l’équivalent de Facebook ou de Whatsapp » compare Florent Coureau. « Ils voient quelque chose qui leur plaît, ils le veulent et ils tombent chez nous, et c’est un nouveau client. C’est du commerce social dans le sens où c’est une intention d’achat qui s’est générée dans un réseau social et qui tombe dans un réseau marchand, de manière intégrée, sans couture » décrit-il. «  C’est quelque chose que l’on voit assez fortement. C’est quelque chose appelé à se développer en Occident. Ce n’est plus la publicité à la TV qui décide à acheter » déclare-t-il
Par ailleurs, JD.com utilise un modèle hybride pour la vente en ligne et tient à le conserver. « On parle beaucoup de l’ascension sans fin des marketplaces. Je n’en suis pas certain. Nous avons un modèle hybride comme Amazon. On pense que c’est le business modèle qui a de l’avenir. Retailer c’est un métier. 60% de ce que nous vendons nous l’avons acheté et 40% est fait en marketplace.  Chez Amazon, c’est 50-50 » décrit-il. Pour le DG, ce modèle permet de développer les capacités du métier de distributeur et de créer un trafic sur lequel se greffe une activité de marketplace. « La marketplace donne une profondeur d’offre, une longue tail » rappelle-t-il. Enfin, il critique l’appellation de « pure player » pour JD.com alors que ce site de e-commerce dispose d’entrepôts et de camions de livraison, bien physiques eux.

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