« Trop d’objets connectés n’offrent qu’un service faible à un prix fort »

Jean-Philippe Cunniet : les technologies évoluent et permettent aux « objets connectés » de devenir des « objets intuitifs » donc encore plus utiles. Jusqu’à présent, les secteurs pionniers sont le domaine de la santé et du bien-être dans lesquels les objets intuitifs pourront rendre les plus grands services ; mais nous travaillons désormais dans un nombre très varié d’autres secteurs d’activité. Question : en quoi consiste la création d’un objet connecté ? Jean-Philippe Cunniet : concevoir un objet connecté implique de rapprocher une réflexion en design de produit avec celle du marketing des services, et de tester l’ensemble auprès des utilisateurs. Il s’agit bien de créer des « objets-services », et non-plus un objet seul ou un service seul, puisqu’il s’agit bien d’objets qui informent, conseillent, et dont les données permettent de rendre des services. En termes de conception, la création d’un objet connecté passe par de très nombreuses étapes, qui nécessitent généralement plusieurs mois de développement et un financement non négligeable. Question : quelles sont les difficultés quand on veut créer un objet connecté ? Jean-Philippe Cunniet : il y a souvent certaines difficultés à surmonter. Il s’agit notamment de la compréhension des possibilités offertes par l’ensemble des nouvelles technologies disruptives. Il y a aussi la peur d’entrer dans de nouveaux domaines, il faut alors apprendre de nouveaux métiers et se former. Le financement reste un frein majeur au développement de cette industrie en France. On rencontre également la crainte qu’un concurrent mondial ne sorte le même produit avant vous et enfin, l’absence de maitrise de la fabrication. Question : quels sont les facteurs de réussite ? Jean-Philippe Cunniet : je citerai en premier la pertinence du service rendu par l’objet. Trop de produits n’offrent qu’un service faible à un prix fort. Il faut également intégrer dès la genèse du produit toutes les compétences requises : designer, marketeur et utilisateur. Le produit doit aussi être évolutif sans devoir le changer. Il faut prévoir l’évolution dès sa conception initiale. On doit travailler sur la simplicité d’utilisation, l‘ergonomie, les tests consommateurs en situation et l’observation des usages. Le dernier sujet préoccupant, c’est l’autonomie des batteries qui reste encore le principal facteur d’abandon des objets connectés. Question : au final, quelles  sont les principales étapes de création d’un objet connecté ? Jean-Philippe Cunniet : c’est un processus, il faut accompagner les créateurs, depuis la genèse de l’idée à la mise en production, et tout au long du développement, suivant la chronologie suivante : Etape   1 : Formations des entrepreneurs aux technologies disruptives tels que objets connectés, machine learning, computer vision, etc… Etape   2 : Conseil en innovation Etape   3 : Mise en place de la stratégie « objets connectés » Etape   4 : Brainstorming pour trouver des idées d’objets permettant d’offrir de nouveaux services ou objets Etape   5 : Etudier les usages des utilisateurs et tester l’acceptabilité via des focus groups ou des études in-situ Etape   6 : Design du produit,  quel sera l’aspect esthétique et l’ergonomie du produit pour quels usages ? Etape   7 : Design de l’expérience utilisateur (UX design) Etape   8 : Prototypes fonctionnels pour tests utilisateurs, et améliorations continues par itérations Etape   9 : Design industriel : Conception du produit définitif Etape 10 : Développement des logiciels & applications smartphones (ou autre) Etape 11 : Sourcing de fournisseurs en Chine ou en Europe Etape 12 : Mise en place des procédures de contrôle qualité dans les usines par nos propres inspecteurs Etape 13 : Fabrication d’une présérie en usine, avec installation de contrôleurs qualité in-situ en continu Etape 14 : Fabrication de séries supplémentaires Etape 15 : Etude des améliorations envisageables > retour à l’étape 4


3 réactions sur “« Trop d’objets connectés n’offrent qu’un service faible à un prix fort »

  1. Aurélien Terrassier

    A l’instar de ce que peuvent faire Matooma et Sigfox, les constructeurs d’objets connectés devraient je pense réfléchir à ce que ceux-ci ne soient plus les substituts d’un smartphone. Pourquoi ne pas imaginer par exemple des smartwatches pour la santé et autres capteurs d’activité utilisant le réseau 3G qui à l’aide du puce sim se connecte directement sur des sites dédiés? Idem pour d’autres objets connectés pouvant se connecter directement par la 3G et le Wifi.

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