Les 10 commandements de l’ère numérique, selon Douglas Rushkoff

8ème commandement : les faits, le numérique rétablit la vérité

«...Publiez quelque chose de faux en ligne et cela finira par être reconnu comme un mensonge». Douglas Rushkoff insiste lourdement sur ce point. Il souligne aussi que le lien peut abdiquer face aux intérêts : «le capitalisme » tuerait «la communication de personne à personne» dans le sens où le storytelling impliquerait une communication à sens unique.

Le numérique permettrait justement de rétablir «la vérité » grâce à l’interactivité. Le pouvoir de l’internaute est omni-prescripteur: consommateur, citoyen, producteur, investisseur: il brise les mythes des médias de masse… au bout de la ligne, il n’y a plus un consommateur lambda, mais une communication de plusieurs à plusieurs.

Alors que le « net fait s’effondrer les mythologies et rejaillir les faits», alors que la pub bêtasse rêve d’augmenter les ventes, Douglas Rushkoff conclut sur le fait que les vrais vainqueurs, ceux qui détiennent la vérité, sont ceux qui innoveront et découvriront. En fin de compte, seuls ces derniers ont quelque chose d’intéressant à dire….

9ème commandement : l’ouverture

L’ouverture sur les autres, via le numérique, suppose certaines dispositions au rang desquelles le partage ne doit pas se confondre avec l’appropriation exclusive. «En apprenant la différence entre partager et voler, nous pouvons promouvoir l’ouverture sans succomber à l’égoïsme». Ce qui existe sur le Net est né d’une volonté de partage et de don.

La contrepartie (le contre-don) relevant de la même contribution d’autrui dans une logique d’altérité détachée de tout mercantilisme. Actuellement, il est bien difficile de faire le distinguo entre partage et vol. Çertes, on ne peut jamais être assuré de l’exploitation faite des informations communiquées sur le Net. Dès leur publication, l’auteur doit s’attendre à ne plus en avoir la maîtrise: «c’est là la limite du principe de processus collaboratif» car «cette conscience partagée » nécessite une bonne dose d’éthique.


Nous encourageons le modèle publicitaire de la TV

La valorisation d’une œuvre ou d’une production sur le Net revêt un caractère immatériel qui ouvre le champ libre aux monnaies alternatives afin de transcender les monnaies traditionnelles. En effet, la notion de partage ne peut être univoque. «Toutefois, ce à quoi nous échappons importe moins que la façon dont nous voulons être traités. Les gens de l’autre côté de l’écran ont passé du temps et de l’énergie à produire ce que nous lisons et regardons. En persistant à consommer gratuitement, nous les poussons vers quelque chose qui s’apparente au modèle de la télévision, où les publicités financent tout….en nous encourageant à dévaluer et à déprofessionnaliser notre travail, ces entreprises s’assurent d’un espace médiatique dans lequel elles sont les seules à dégager des revenus». D’où l’idée de redéfinir un nouveau contrat social : le respect d’une œuvre relevant d’avantage d’une culture que d’une cour de justice.

10ème commandement : le but 

Ce dernier chapitre reboucle avec l’introduction de l’ouvrage. Il s’agit d’un vibrant plébiscite en faveur de l’enseignement, non pas de l’usage du numérique, mais de la programmation de ses artefacts. En outsourcant cette activité à des pays tiers, les USA auraient pris un retard considérable pouvant même aliéner l’indépendance du pays.

On aurait pu s’attendre à une conclusion plus prospective: ceci étant, ces dix commandements « assez décalés » par rapport à la pensée unique ont le mérite de questionner sainement le Numérique, sans chasse aux sorcières mais aussi sans complaisance. Ne serait-ce qu’à ce titre, cet ouvrage mérite attention et considération.

LES 10 COMMANDEMENTS DE L’ERE NUMERIQUE sont disponibles aux Editions FYP : fev-2012, dans une traduction par Cyril Fiévet.

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