La grève des transports de la fin 2019 et l’épidémie actuelle de coronavirus remettent le télétravail au centre des débats pour les entreprises. Ses bénéfices et ses inconvénients sont de plus en plus clairement exprimés, d’autant plus que son cadre réglementaire s’est libéralisé depuis septembre 2017. C’est ce que montre l’étude menée par l’assureur mutualiste Malakoff Humanis.
Un recours au télétravail en croissance
L’usage du télétravail augmente. Lors des grèves des transports de décembre 2019, 28% des entreprises, qui ne proposaient pas le télétravail auparavant et dont le métier le permet, ont changé d’avis et l’ont finalement accordé à leurs salariés. Côté salariés, 38% d’entre eux dont le métier le permet mais qui ne le pratiquaient pas l’ont ainsi adopté pendant cette période. En Ile-de-France, cette proportion monte à 50%.
L’équilibre est amélioré entre la vie professionnelle et la vie personnelle
Le télétravail se stabilise aujourd’hui autour de 30% des salariés du privé. Leur taux de satisfaction est de 82%. La part des entreprises qui propose à leurs salariés de télé-travailler suit la même tendance à la stabilisation autour de 32%. Le travail à distance est majoritairement pratiqué de manière informelle et non contractualisée pour 22% des télétravailleurs. On a seulement 8% de télétravailleurs contractuels. Le télétravail est pratiqué en moyenne 6,4 jours par mois.
Le salarié se trouve plus productif
Pour les salariés, le télétravail permet davantage d’autonomie dans le travail (88%), accroît l’efficacité et la productivité (88%), contribue à la diminution de la fatigue (86%), et renforce l’engagement (79%). Les bénéfices cités par les dirigeants concernent en premier lieu les salariés : amélioration de l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle (93%), meilleure qualité de vie au travail (88%) et plus grande autonomie (86%).
Le télétravail contribue à la responsabilisation des salariés
Aujourd’hui, les principales motivations des salariés pour le télétravail sont liées à la gestion de leur temps : réduire leur temps de trajet (pour 46% des télétravailleurs interrogés, et 60% des Franciliens), adapter leurs horaires (39%), et concilier vie professionnelle et personnelle (37%). Dans le même temps, 57% des télétravailleurs déplorent un empiétement de leur vie professionnelle sur leur vie personnelle, allant jusqu’à parler de risque d’addiction au travail pour 51% d’entre eux.
Les échanges entre collaborateurs deviennent plus compliqués
Parmi les autres difficultés, on note « les échanges plus complexes entre collaborateurs » pour 57% des télétravailleurs. A noter que 11% des télétravailleurs déclarent n’avoir aucun contact dans la journée avec les membres de leur équipe, et 28% avoir un seul contact par jour.
Les risques professionnels liés au télétravail deviennent plus complexes
Les risques liés à la santé sont cités en second plan. Les risques pour la santé psychologique liés à l’isolement, à la perte du lien collectif ou à la non-déconnexion sont évoqués par 46% des salariés et 36% des dirigeants.
Seuls 30% des salariés télétravailleurs disent être accompagnés dans la mise en place du télétravail. Il en va de même pour les managers : seulement 36% d’entre eux ont été formés à l’accompagnement de leurs collaborateurs dans la pratique du télétravail.
Les managers veulent être accompagnés dans la mise en place
Cependant, contrairement aux salariés qui sont relativement peu demandeurs d’accompagnement (27%), les managers souhaitent véritablement en bénéficier : 45% des managers n’ayant pas été accompagnés auraient souhaité l’être. Par ailleurs, 85% des managers interrogés estiment que la mise en place du télétravail implique une gestion repensée de l’équipe.
Les dirigeants à 63% reconnaissent que le télétravail implique pour les managers, un véritable changement de mode de management, et qu’elle rend leur rôle plus difficile (49%). L’enquête a été menée par CSA pour Malakoff Humanis auprès de deux échantillons représentatifs de 1 610 salariés (recueil par internet) et 402 dirigeants et DRH (enquêtes menées par téléphone) d’entreprises du secteur privée, contactés en deux périodes : novembre-décembre 2019 et février 2020.