Les fintechs françaises dans une forte dynamique de croissance en 2023

La croissance est annoncée pour la fintech française en 2023

Le secteur de la fintech et de l’assurtech en France est en forte croissance. C’est ce que montre le palmarès Fintech 100 établi par Truffle. Cette 2ème édition du palmarès a été présentée par Bernard-Louis Roques, co-fondateur et directeur général de Truffle Capital, le 4 avril. 

Des financements fortement réduits et une activité à la hausse

La situation est paradoxale, car d’un côté les financements se sont réduits alors que de l’autre côté, le chiffre d’affaires augmente. « Il y a une raréfaction des capitaux. On est passé à au-delà de 1 milliard d’euros de capitaux levés sur les 100 sociétés du classement en 2022 contre 3 milliards en 2021 » reconnaît Bernard-Louis Roques. « Et d’un autre côté, on voit une hyper croissance, avec 80% de croissance » se réjouit-il. Le secteur fintech pèse 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires. « Il y a 40% de création d’emplois, en passant globalement de 10 000 en 2021 à 14 000 à 2022  » poursuit-il.

« On pense que la croissance va continuer à des niveaux très élevés, 50% probablement sur l’année 2023« 

La progression devrait se poursuivre en 2023. « On pense que la croissance va continuer à des niveaux très élevés, 50% probablement sur l’année 2023 » annonce enthousiaste le DG de Truffle. Dans le même temps, Bernard-Louis Roques souligne que la fintech est avant tout de la tech. « La fintech c’est avant tout de la tech. Nous avons 18% des sociétés qui considèrent que l’intelligence artificielle est au cœur de leur offre, leur offre ne fonctionnerait pas sans intelligence artificielle » insiste-t-il. Ces sociétés investissent fortement dans la R&D. « 38% des emplois sont dans la R&D » ajoute-t-il.

Ce positionnement sur la technologie s’accompagne de l’usage de modèles économiques issus de ceux des sociétés de la technologie selon le DG. « Nous sommes dans un modèle économique de la tech, avec des revenus récurrents pour 61% des sociétés qui ont des revenus récurrents qui constituent la majorité de leurs revenus » explique-t-il. Par ailleurs, pour une fois, la régulation européenne du secteur qu’il s’agisse des sociétés de la finance ou de celles de l’assurance apparaît comme une protection contre la technologie américaine.

Un développement en Europe et nettement moins en Amérique du Nord


Le développement s’effectue en Europe.. « Ces sociétés de la fintech sont très tôt internationales, 57% ont une implantation à l’international, principalement en Europe pour cette question d’agréments [NLDR : agréments réglementaires]. Ces sociétés ne vont pas à la conquête de l’Amérique immédiatement, elles passent d’abord par l’Europe » retient-il. Dans le détail de l’étude Fintech 100, le secteur des Fintech affiche une croissance de son activité de +80% en 2022 avec un effectif total en hausse de +37%. Les levées de fonds du secteur ont pourtant diminué de -63% en 2022 en s’établissant à 1,1 milliard d’euros.

L’étude révèle une concentration des activités sur le service client « B to B to C »

L’étude de Truffle observe un recentrage des activités des entreprises du secteur des fintechs sur le service client. Sur le volet technologique, l’étude révèle une concentration des activités sur le service client (« B to B to C ») (59% des sociétés). Ainsi, 1 tiers des fintechs misent principalement sur le développement de logiciels alors qu’elles ne sont plus que 18% (contre 25% en 2021) à s’appuyer sur l’intelligence artificielle. L’étude insiste sur le fait que les « business models » des startups doivent davantage être fondés sur le retour sur investissement.

Les technologies employées par les fintechs



L’enquête estime que l’enjeu pour ces fintechs consiste avant tout à développer une technologie propriétaire pointue, capable de créer de la valeur en érigeant des barrières à l’entrée. Le classement relève que 37% des entreprises du secteur affichent un budget de R&D supérieur au tiers de leur chiffre d’affaires. C’est le double du niveau observé dans le secteur des logiciels également suivi par Truffle.  

Le segment du paiement est la première activité du secteur

Le segment des paiements rassemble 23% des fintechs. Il montre de nombreuses innovations et constitue la première activité du secteur. En cause également, une facilité d’intégration des applications qui accélère le processus d’adoption. L’assurtech, deuxième segment de l’enquête, prend également de l’ampleur grâce à un volume d’affaires en constante progression.

En troisième position, on trouve les services financiers aux entreprises et spécifiquement les services aux petites entreprises

En troisième position, on trouve les services financiers aux entreprises et spécifiquement les services aux petites entreprises pour qui les offres de digitalisation de l’affacturage ou de financement du Besoin en Fond de Roulement (BFR) deviennent particulièrement compétitives. Les besoins de digitalisation des grands groupes bancaires et d’assurance tirent la croissance. Le segment du « B to B » concerne 60% des fintechs. Enfin, et puisque le secteur est de plus en plus régulé, le marché adressable des fintechs françaises se concentre sur l’Europe. En illustre la faible présence des fintechs (à peine 6%) en Amérique du Nord, loin derrière tous les pays européens. Les perspectives du secteur sont très élevées puisque 80% des fintechs anticipent une croissance supérieure à +30% en 2023 comme en 2024.

Pour accompagner ce développement de l’activité par des recrutements, les fintechs devront néanmoins réussir à proposer des conditions de travail compétitives pour faire face à la concurrence des grands acteurs de la tech. « Depuis 2015, les levées de fonds se sont multipliées pour atteindre, malgré une baisse en 2022, un cumul de près de 6,2 milliards à la fin de 2022 » pointe Maximilien Nayaradou, DG de Finance-Innovation.


Activité principale des fintechs : les services de paiement en tête avec 23% des sociétés du palmarès


Vers des relations apaisées entre fintechs et grandes banques

Enfin, Frédéric Burtz, Chief Technical and Innovation Officer du Groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Epargne) ajoute : « Cette enquête révèle que la moitié des fintechs interrogées ont noué un partenariat avec un groupe bancaire et qu’en même temps, 57% d’entre elles vont consacrer plus de 20% de leur chiffre d’affaires à la R&D. » Pour lui, les fintechs innovent et elles ont besoin des banques.

« La nature des partenariats entre les fintechs et les banques a considérablement évolué ces dernières années. Les banques, acteurs tiers de confiance, offrent un accès aux clients et les fintechs apportent des solutions innovantes » plaide-t-il.  Il se montre partisan du soutien de l’Open banking et de la plate-formisation des services, pour offrir des solutions innovantes aux clients.

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