Les moins de 13 ans utilisateurs clandestins des réseaux sociaux

Arthur Kannas, DG de l'agence Heaven, 14 décembre

S’il faut avoir plus de 13 ans pour s’inscrire légalement sur les médias sociaux, cela n’empêche pas les plus jeunes de s’inscrire en mentant sur leur âge. « Ces enfants sont les passagers clandestins des réseaux sociaux, ils sont de plus en plus nombreux à mentir sur leur âge, » annonce Arthur Kannas, DG de l’agence Heaven.
Ces enfants plébiscitent Snapchat comme média social et Youtube comme lieu de ralliement en lieu et place de TF1, mais ils se détournent de Facebook. C’est ce que montrent les chiffres réunis pas Heaven.

8000 interviews de collégiens

Arthur Kannas s’intéresse à la présence des jeunes sur les médias sociaux à partir de leur entrée en 6ème. Il travaille avec l’association Génération Numérique, ce qui lui donne accès à 8000 interviews qualifiées de collégiens. On apprend ainsi que les enfants sont 45% à être inscrits sur un réseau social en 6ième, 62% en 5ème et 78% en 4ème.

600 000 enfants de moins de 13 ans sont inscrits sur Snapchat

On évalue à 600 000 le nombre de jeunes de 11 et 12 ans, inscrits sur Snapchat, c’est à dire 7% de l’ensemble des utilisateurs en France. C’est le média social phare des adolescents depuis 2 ans, dit-il. Il a pris la parole lors de la conférence “Future of Social Marketing & Business” du Hub Institute le 14 décembre à Paris.

Snapchat arrive largement en tête parmi les médias sociaux des jeunes. Il est même en croissance dans l’adhésion qu’il suscite (76% des répondants disposent d’un compte en 2017, en croissance de 3% par rapport à 2016).

Instagram pour tester l’amitié

En seconde position, on trouve Instagram (64% des répondants, en croissance de 1,7%). « Instagram pour les moins de 13 ans, concerne leurs amis, mais on n’a pas le même Instagram qu’eux, on est loin des photos hyper bien shootées, façon hipster, » note Arthur Kannas. « Sur Snapchat comme sur Instagram, ils s’envoient des photos pas spécialement soignées pour voir s’ils peuvent avoir confiance en l’autre qui ne va pas les publier sur internet. L’amitié c’est le point clé de l’usage de ces réseaux sociaux à cet âge là, » relève-t-il.

Les enfants savent supprimer régulièrement leurs photos d’Instagram

« Ils aiment ensuite ce qui améliore leur image auprès des autres, ils aiment ce qui fait rigoler lorsqu’ils partagent des vidéos dans la cour d’école et beaucoup de sports extrêmes, ça fait stylé même si on ne les pratique pas, » ajoute-t-il. Pour rappel, Instagram fait partie de Facebook depuis 2012. « Les enfants se sont d’ailleurs beaucoup amélioré dans l’usage des réseaux sociaux, ils savent par exemple désormais effacer régulièrement toutes leurs photos sur Instagram. Ils font le ménage, » relève-t-il.

Facebook quant à lui, est en 3ème position (47,6% des répondants disposent d’un compte) qui pour sa part est plutôt en décroissance (-1%) entre 2016 et 2017. Facebook apparaît d’un usage complexe pour ces jeunes, relève Arthur Kannas. Et de citer une interview où un jeune déclare, » je ne comprends toujours pas vraiment comment ça marche, c’est trop compliqué« .


Taux d’inscription en net recul sur Facebook 

Les adhésions à Facebook sont en net recul en 6ème

Le taux d’adhésion à Facebook est en fait en net recul si l’on regarde vers les plus jeunes. Pour des élèves de 4ème, le recul est de 7% (passant de 59% en 2016 à 52% en 2017). Le recul est de 1% pour les élèves de 5ème (passant de 48% à 47%). Le recul le plus net est pour les élèves de 6ème. Le taux d’inscription passe de 42% à 26% entre 2016 et 2017, soit 16% de recul.  « Les plus jeunes ne connaîtront pas Facebook et n’auront pas besoin d’y aller, » pointe le responsable qui évoque un basculement sans retour sur une autre plateforme que Facebook.

Musical.ly apparaît en 4ème position parmi les médias sociaux avec 30% d’inscription. C’est un réseau lié à la pratique de la danse et du chant. Il permet de faire des chorégraphies et des karaokés. L’audience est essentiellement composée de filles (à 80%). L’application est toutefois passée à la 30ème/40ème place sur Google store contre 20ème en 2016.

Twitter est peu convaincant avec seulement de 29,2% d’adhésion, en légère croissance de 1,2%. Ce sont les hashtags des émissions TV et des stars de Youtube qui orientent les enfants vers Twitter. Sinon, « ils déclarent qu’ils n’ont aucun ami dessus mais ils prennent le twitter de leurs parents pour se plaindre lorsqu’ils ne sont pas contents d’un service, » cite Arthur Kannas.

Whatsapp en queue de classement

Whatsapp est en bout de classement avec seulement 25,6% d’adhésion. Enfin, étonnamment, 2,5% des collégiens sont inscrits sur Tinder, une application de rencontre. « Youporn est cité, mais comme ce n’était pas un réseau social, on n’en a pas parlé, » grimace ironiquement le DG.

Un usage pour discuter avec ses potes

L’usage principal (94%) des médias sociaux est la conversation avec ses amis. « Ils sont là pour discuter avec leurs potes, » souligne Arthur Kannas. Vient ensuite la publication de toute forme de contenu public (61%) – « ils mettent des petites blagues, » cite-t-il, puis vient le suivi de l’actualité de ses contacts (53%). La création de contenus (photos, vidéos) partagés avec ses amis concerne un enfant sur deux (47%).

Enfin, il reste Youtube. Il est à part car ce n’est pas un réseau social mais c’est le numéro 1 des enfants. C’est devenu une culture. « Il est archi numéro1 en termes d’usage, de rendez-vous, de sujets de discussion, mais ce n’est pas un réseau social, » indique Arthur Kannas. On y trouve par exemple des tutorials pour tout type de moment de la vie, ne serait-ce que partager la description de ses fournitures scolaires (Haul et anti-Haul). « Youtube est le nouveau TF1, » conclut-il.

Une réaction sur “Les moins de 13 ans utilisateurs clandestins des réseaux sociaux” :

  1. Danse et passion

    J’ai moi aussi remarqué que les jeunes s’intéressent de plus en plus aux réseaux sociaux. Par exemple, ma nièce de 11 ans est déjà inscrite sur Instagram et elle utilise fréquemment musical.ly pour s’amuser en chantant et en dansant. A ce rythme, les futures générations auront oublié ce que c’est que de jouer à la marelle tant ils sont absorbés par les nouvelles technologies

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