A l’heure où les écologistes mettent en doute l’intérêt voire l’innocuité de la 5G, Stéphane Richard, PDG d’Orange, considère qu’il faut prendre un « petit peu de temps » pour répondre à ces questions.
Des questions sociétales autour de la 5G
Bien que l’économie ait subi un sacré recul à cause du Covid, c’est le contexte sociétal qui interpelle en effet le dirigeant. « Ce n’est pas tellement le contexte économique qui m’inquiète. C’est plutôt le contexte sociétal et social, autour des questions qui se posent sur la 5G » déclare-t-il.
« Je souhaite que la 5G soit lancée dans un contexte apaisé »
Pour l’heure, le PDG préfère mettre en avant l’intérêt de la 5G pour l’industrie plutôt que les nouveaux services pour le grand public. « La 5G est un levier de compétitivité absolument essentiel pour notre industrie, pour les objets connectés, pour nos entreprises » affirme Stéphane Richard. Le PDG souligne que la 5G a été lancée dans la plupart des pays qui entourent la France, en Europe, en Asie, aux Etats-Unis. « La vraie question est la France veut-elle partir en retard dans cette compétition mondiale ? La 5G a d’abord été conçue pour l’entreprise et l’industrie » insiste-t-il.
Les services grand public arriveront peu à peu
Quant aux services pour le grand public, ils arriveront au fil du temps. « La qualité de l’expérience va être améliorée. La 5G va permettre de nouveaux usages dans le domaine des jeux, des médias, dans la consommation du sport, les objets connectés et la voiture connectée » liste-t-il. On parle en particulier du re-visionnage des buts alors qu’un match de football est en cours.
« Les opérateurs n’ont jamais complètement saisi la réalité technique des arguments de sécurité »
« Qu’il y ait des arguments politiques, géopolitiques, cela on peut l’entendre et bien entendu il faut qu’on les respecte » reconnaît Stéphane Richard, lui qui demandait pourtant en avril 2019 que le débat ne soit pas géopolitique. « La montée des tensions entre les Etats-Unis et la Chine, la véritable guerre technologique froide, qui est en train de se mettre en place, a des conséquences qui ne sont pas forcément très bonnes pour notre industrie. Mais on s’adaptera » affirme-t-il.
Une question qui ne concerne pas Orange
Orange considère qu’il n’est pas concerné par la place des équipements de Huawei dans son réseau car il n’en utilise pas. « Cela ne nous concerne pas car nous faisons nos réseaux mobiles avec Nokia et Ericsson. Nous avons la chance d’avoir deux grandes entreprises européennes, Nokia et Ericsson, qui sont tout à fait au niveau sur le plan technologique. On a heureusement des alternatives et on a le choix de nos partenaires. On n’est pas sans solution » veut-il rassurer.
« Le marché est très concurrentiel, il y a une grande agressivité sur les offres, les promotions et les prix«
Quant à la situation de la concurrence entre opérateurs en France, le PDG d’Orange s’est fait une raison sur un marché à 4 opérateurs. « Il y a 4 opérateurs en France, la plupart des pays sont plutôt à 3. Nous sommes à 4 ; c’est peut être trop. Je crois que le marché s’est habitué, les opérateurs ont ajusté leur stratégie. Je ne pense pas qu’il y ait de perspective de voir cette situation changer à court terme » pense-t-il.
Effondrement des revenus liés au roaming
La veille de l’intervention de Stéphane Richard, Orange a publié ses comptes en recul en ce qui concerne l’EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization), c’est-à-dire les revenus avant toutes les charges à régler. Ce recul s’explique en priorité par la fermeture des points de vente, l’effondrement du roaming et la baisse d’activité des entreprises.
« Un des revenus importants est le roaming, ce que nous facturons aux touristes qui viennent en France et aux Français qui vont à l’étranger »
« Ces 3 effets représentent -160 millions d’euros directement liés à cette crise du Covid sur notre EBITDA. Cela se traduit par une baisse de l’EBITDA de 50 millions. Comme vous le voyez, nous avons été capables de compenser les deux tiers de cette baisse » se félicite-t-il. Le trafic sur les réseaux est revenu depuis à un niveau habituel. « Nous sommes revenus à une situation normale en termes de trafic qui est une situation d’accroissement continu, qui est de 40% par an sur les réseaux mobiles » conclut Stéphane Richard.