Partage de données agricoles, les applications montent en puissance en France

Agriculture et data vont de pair. La plateforme Agdatahub affiche une ambition européenne et vise à maîtriser les données produites en particulier par les 380 000 exploitations agricoles du territoire français dont 80% de TPE et PME. L’objectif annoncé est d’optimiser leurs productions agricoles mais aussi de partager et de protéger leurs données qui sont stratégiques à bien des égards. Les premières applications sont lancées actuellement.

Des données stratégiques face la Big Tech américaine et chinoise

Chaque jour une multitude de données numériques est générée par les entreprises agricoles françaises. Cela concerne aussi bien la géo-localisation des tracteurs par GPS, les capteurs météo, les robots de traites connectés, les statistiques d’utilisation des produits fertilisants ou désherbants ou les puces RFID du bétail.

L’exploitation de cette data doit permettre d’augmenter les rendements tout en réduisant l’impact environnemental du secteur agricole, pilier de l’économie française. La production agricole est stratégique. Qu’il s’agisse de données sur les parcelles agricoles, de données techniques relatives aux pratiques agricoles ou de données environnementales, cette data est indispensable à la recherche et à la souveraineté alimentaire du pays.

« Il s’agit de ressources précieuses que les Gafam et les BATX pourraient s’accaparer et exploiter à l’insu des agriculteurs si nous n’agissons pas » s’inquiète Agdatahub.  Les Big Tech américains (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) sont à l’affût.

Lancement d’Agriconsent pour identifier chaque exploitant et sécuriser ses échanges de data

La société Agdatahub a été créée en 2019 par les acteurs publics et privés représentant du secteur agricole. Elle propose des solutions technologiques et des services aux filières agricoles. Agdatahub s’appuie notamment sur la solution de Cloud « flexible engine » délivrée par Orange Business Services et sur l’expertise juridique d’IN Groupe (ex-Imprimerie Nationale).


Agdatahub vient d’être désigné comme l’un des 7 projets phares du programme de métacloud européen Gaia-X. Adgatahub affiche de fortes ambitions. Il souhaite équiper les 10 millions d’exploitations agricoles européennes mais ce chantier est immense.

Dans cette voie, lors du dernier salon de l’agriculture de Paris en février 2022, Agdatahub a présenté la solution Agriconsent. Basée sur une blockchain, c’est un certificat d’identité numérique que chaque agriculteur peut télécharger dans un portefeuille numérique directement sur son mobile. Cette preuve d’identité, accessible à travers un QR code, peut ensuite être utilisée pour les échanges avec son écosystème. Cet univers regroupe environ 85 000 intervenants, dont les instituts de recherche, les chambres d’agriculture, les coopératives, les négociants, les fournisseurs et les administrations. L’usage d’identifiants via Agriconsent est actuellement en test, et sera disponible à partir du deuxième semestre 2022.

Les données génétiques de 7,7 millions d’animaux bientôt partagées par les éleveurs et les chercheurs

Egalement développée par Agdatahub et ses partenaires, il y a la plateforme d’échange de données API-Agro qui a été lancée en 2020. Des données de tous types y sont exposées et échangées. Il s’agit de données environnementales, de production, techniques, géo-localisées, règlementaires, issues de la recherche ou données de référence, statistiques, algorithmes d’aide à la décision, résultats de modèles et d’essais, etc. API-Agro compte aujourd’hui 1 200 inscrits. Tous les utilisateurs y sont authentifiés. Les émetteurs de données peuvent ainsi savoir qui les utilise mais aussi fixer leur contrat de licence et valider les échanges et les acquisitions de leurs données.

Une première opération d’envergure va être menée courant avril sur la plateforme API-Agro. Le nouveau système d’information génétique animale destiné aux acteurs de la filière bovine va y être déployé. 85 000 éleveurs vont partager les données génétiques et d’identification de 7,7 millions d’animaux. Cette data sera exploitée par 300 acteurs de la génétique. Ce premier cas d’usage devrait être suivi par d’autres et donner plus de consistance au projet Agdatahub.

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