Publicité TV segmentée : les régies TV fortement déçues par le gouvernement

Le projet de modification du décret n°92-280 du 27 mars 1992, dit décret publicité, dans sa version transmise au CSA pour avis, déçoit fortement les régies publicitaires TV. Les régies s’attendaient à un rééquilibrage de la concurrence avec les grands acteurs du numérique. Elles considèrent que les ouvertures publicitaires pour les chaînes de télévision sont réduites à la portion congrue.

La publicité segmentée non autorisée pour les supermarchés

L’ouverture de la publicité segmentée à la télévision, est assortie de limitations qui empêchent à long terme son développement, considère le SNPTV, le syndicat national de la publicité télévisée. Le SNPTV regroupe les régies publicitaires de TF1 (TF1, TMC, LCI), M6 (M6, W9, 6ter, Paris Première), France Télévisions, Canal+ (C8, Canal+), Beinregie, Amaury Media (L’Equipe), ViacomCBS (MTV, comedy central) et Next Media Solutions (BFM, RMC).

La Cnil ajoute des contraintes supplémentaires à la TV segmentée

Le syndicat pointe que même la Cnil y ajoute ses propres contraintes. La Cnil propose de considérer la télécommande d’un téléviseur comme un clavier d’ordinateur, dans son projet de recommandation sur les cookies et les traceurs, ce qui va compliquer le recueil du consentement légitime du téléspectateur.

Les régies des chaînes de TV regrettent que l’ouverture de la publicité pour le secteur de la distribution soit reportée sine die, de même que toute expérimentation, même avec un encadrement strict. C’était leur principale demande.

Les géants du numérique se frottent les mains

La publicité TV segmentée devait permettre de séduire les hypermarchés et les supermarchés qui veulent faire venir les clientèles locales dans leurs points de vente. « Sur près de 9 milliards d’euros de publicité du secteur de la distribution, 75 % vont dans le hors média, notamment les prospectus publicitaires, et sur les 25% restant près de la moitié est déjà accaparée par le digital qui se frotte les mains de cette spécificité française » s’énerve le SNPTV.


« Les plateformes digitales internationales ne sont soumises à aucune contrainte »

En ce qui concerne la publicité TV pour le cinéma, le SNPTV estime que le gouvernement propose une expérimentation biaisée et une ouverture tronquée. « Le Ministère de la culture et le CNC avancent à reculons » déclarent les régies TV. « Les plateformes digitales internationales ne sont soumises à aucune contrainte et peuvent profiter de leur situation oligopolistique pour appliquer des tarifs beaucoup plus élevés que ceux du média TV » s’insurge le SNPTV.

Enfin, le projet sur le placement de produits devrait retirer à la télévision des recettes publicitaires. Le projet de loi audiovisuel prévoit l’obligation pour l’Arcom (CSA) d’ouvrir le placement de produit à tous les genres de programmes. Cela devrait entraîner un problème de revenus et de responsabilité des publicités ainsi diffusées.

Des événements sportifs qui confisquent la publicité

Le placement de produit dans les événements sportifs par exemple permettrait aux ayant-droits internationaux de commercialiser des placements publicitaires directement dans un match, sans que le diffuseur n’ait son mot à dire et n’en tire profit ! Bref, la copie est à revoir pour le SNPTV.

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