Les projets se multiplient au sein d’Etalab, le bras armé de l’état pour sa politique Open Data. Les premiers résultats sont désormais disponibles soit sous forme d’ouverture de données à destination de nouveaux écosystèmes soit sous la forme de nouvelles applications disponibles pour les citoyens.
Les données publiques ouvertes
C’est ce qu’a présenté Henri Verdier, l’administrateur Général des Données, également baptisé Chief Data Officer de la France, le 20 novembre en ouverture de la conférence DataJob 2014. Ses premiers mots ont été pour dénoncer des articles récents dénigrant les apports de Big Data, alors que de nombreuses sociétés n’ont pas encore essayé.
L’objectif d’Etalab est de faire circuler la donnée, et de la rendre activable, gratuitement, et librement réactualisable. Exemple : les données des accidents de la route géolocalisés et horodatés peuvent ainsi permettre de valider les emplacements des radars. Ils peuvent aussi servir à améliorer la prévention, notamment via les systèmes d’aide à la conduite ou par de meilleurs investissements des collectivités locales.
Travailler la donnée
Pour Henri Verdier, travailler la donnée, c’est travailler la démocratie au travers des contributions et du partage, en valorisant l’intelligence collective. Cette approche de données ouvertes est aussi un catalyseur d’innovations, issues des startups qui créent de nouveaux écosystèmes dynamiques en dehors de l’état.
Ceci dit, partager des données, les sortir des silos c’est bien. Ce n’est pas suffisant. Créer, partager en Open Source et améliorer des modèles c’est encore mieux. Le premier exemple emblématique de cette révolution au sein de l’administration française est le projet OpenFisca (http://www.openfisca.fr/).
Améliorer notre système socio-fiscal
OpenFisca est un moteur ouvert de micro-simulation du système socio-fiscal. Il permet de calculer simplement un grand nombre de prestations sociales et d’impôts payés, par les ménages, et de simuler l’impact de réformes sur leur budget.
Lors de sa mise au point, les différentes administrations impliquées ont travaillé ensemble pour debugger les modèles utilisés pour la simulation. Ces modèles étant en Open Source, des économistes s’en sont aussi emparés tels que Thomas Piketti.
Ainsi, grâce à ces modèles, le service mes-aides (http://mes-aides.gouv.fr/) a pu être mis au point. Cette application, développée en quatre mois, offre une solution simple au problème du non recours au droit, en indiquant à chaque personne les aides auxquelles il peut prétendre.
Forcer les taxis à l’ouverture
Autre cas, suite à la loi sur les taxis, il est devenu nécessaire de mettre en place une plateforme publique de géolocalisation des taxis. Ainsi, pour obliger l’écosystème des taxis à innover, il a fallu les forcer à se géolocaliser. L’idée novatrice est de réguler un secteur professionnel grâce à un modèle de données ouvertes, et à une plateforme publique permettant d’y accéder.
Un autre projet dans les cartons concerne Pôle Emploi, et sa volonté de partager des données via des interfaces applicatives, des APIs. Pôle Emploi se mue ainsi en un tiers de confiance à qui les demandeurs d’emploi pourront confier leurs données et le droit de les échanger avec d’autres services publics ou privés. Ce projet devrait aboutir d’ici à l’été 2015.
Enfin, le projet BAND (Base nationale adresse) a permis à trois acteurs différents, l’IGN (l’Institut Géographique National), La Poste et OpenStreetMaps, ayant des modèles de données et de revenus différents d’unir leurs forces afin d’offrir la géolocalisation exacte de tous les bâtiments de France. Cet accord récent est donc une première et permettra une mise à jour rapide des données en bénéficiant de la contribution des citoyens, en particulier pour les 200 000 nouvelles adresses créées par an.
Photo : Henri Verdier, le Chief Data Officer de la France, le 20 novembre.
Notes :
Les méfaits du Big Data : voir l’article Tesco’s Downfall Is a Warning to Data-Driven Retailers.
William El Kaim
William El Kaim est expert reconnu de la transformation digitale. Consultant indépendant, et auteur pour la Revue du Digital, il a exercé les responsabilités de "Marketing Technology Director" dans le domaine du voyage d'affaires. Il a contribué à l'invention de multiples concepts et produits digitaux, ainsi qu'au déploiement réussi d'un réseau social d'entreprise.
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