Un actionnaire d’Airbus s’oppose à l’accord avec Atos et menace les administrateurs

Chris Hohn est le gestionnaire du fonds spéculatif TCI (The Children’s Investment) et il demande à Airbus de ne pas prendre de participation minoritaire dans la future société Evidian d’Atos, centrée sur la sécurité, les données et les super calculateurs. Il a rendu ses raisons publiques dans une lettre adressée à Airbus datée du 20 février. TCI est un actionnaire de longue date d’Airbus et détient actuellement plus de 3 % des actions en circulation, évaluées à plus de 4 milliards d’euros.

Une entreprise de « faible qualité et très endettée »

Chris Hon considère qu’Evidian est une entreprise de « faible qualité et très endettée », avec 60 000 employés, opérant dans un marché extrêmement concurrentiel. Une participation minoritaire de 29,9 % dans Evidian serait « un actif en difficulté ». Toujours selon Chris Hon, ce serait « du capital bloqué et une utilisation extrêmement inefficace des fonds des actionnaires » et cela n’attribuerait pas de valeur à Airbus.

Chris Hohn estime que si Airbus détient 29,9% d’Evidian, il sera propriétaire des pertes d’exploitation d’Evidian, de ses charges et de ses besoins de financement. « Vous engagerez Airbus dans les risques associés à toutes les futures augmentations de capital et émissions de droits chez Evidian. Les pertes futures et les besoins de financement pourraient être importants, il serait donc irresponsable d’exposer Airbus à ces risques et responsabilités non quantifiables » ajoute-t-il. Chris Hohn tacle Atos qui ne mérite pourtant pas tant de critiques au vu de ses réelles performances. « La transaction semble être un renflouement d’Atos, une entreprise qui est accablée par des niveaux insoutenables de dettes et d’autres passifs » affirme-t-il.

Airbus a manqué ses objectifs de livraison d’avions

Pour Chris Hohn, Airbus doit se concentrer sur  son métier de fabricant d’avions. « En 2022, Airbus a constamment manqué ses objectifs de livraison d’avions. La direction devrait donc être totalement concentrée sur la réparation de la chaîne d’approvisionnement et la livraison des avions plutôt que d’être distraite par cet accord avec Atos » écrit-il.

Le gestionnaire ne se laisse pas impressionner par les enjeux de souveraineté technologique pour la France liés à la participation d’Airbus dans Evidian « Il existe une certaine motivation politique pour qu’Airbus finalise la transaction. La direction et le conseil d’administration ont l’obligation d’agir dans le meilleur intérêt d’Airbus et de ses actionnaires, de ne pas investir le capital de la société en ce qui concerne des questions politiques telles que ‘la souveraineté’ » prévient-il. Chris Hohn menace les administrateurs d’Airbus d’actions en justice personnelles s’il s’avère que la transaction est menée en partie pour des raisons politiques.

On peut relever qu’Airbus détient Airbus Protect, une entreprise qui emploie un millier de personnes et intervenant notamment dans la sécurité des systèmes d’information, avec certaines activités voisines de celles d’Evidian. En prenant une participation dans Evidian, Airbus ne ferait guère que monter en puissance dans un domaine utile à son activité principale de fabrication d’avions grâce à la donnée et au calcul de haute performance. Ceci dit, Airbus Protect, réunion d’activités cyber sécurité d’Airbus en juillet 2022, malgré sa technicité émerge peu sur le marché.


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