Union sacrée de TF1, France Télévisions et M6 contre Netflix

TF1, France Télévisions et M6 s’associent pour lancer un service concurrent de Netflix.

Fonctionnement sur l’internet standard

La plateforme fonctionnant en mode OTT (Over The Top, c’est-à-dire fonctionnant sur l’internet standard) s’intitule Salto. Delphine Ernotte Cunci, PDG de France Télévisions, Gilles Pélisson, PDG du Groupe TF1, et Nicolas de Tavernost, Président du Directoire du Groupe M6 sont tombés d’accord.

Le service devra être simple d’accès. Cette plateforme proposera de l’information (JT, magazines, événements spéciaux), des sports, des divertissements, des fictions françaises, des série américaines,  des documentaires et du cinéma.

Cette plateforme de télévision  permettra de retrouver les meilleurs programmes de télévision (le direct et le rattrapage) et de découvrir des programmes inédits. Elle fonctionnera sans engagement. La plateforme a vocation à s’ouvrir aux programmes d’autres éditeurs dès son lancement.

Plusieurs formules d’abonnement

Salto proposera plusieurs formules d’abonnement. Il donnera accès à des avant-premières et des services enrichis. Cette nouvelle offre s’articulera avec les plateformes gratuites existantes : MYTF1, 6Play et France.tv. Une société autonome, détenue à parts égales par les trois groupes, sera créée pour opérer cette plateforme, à l’issue de l’examen par les autorités compétentes.

La montée en puissance de l’OTT souffle du vent dans les voiles des acteurs mondiaux de la vidéo tels qu’Amazon et Netflix aujourd’hui, Disney, CBS, Fox, Turner, demain, constate Philippe Bailly de l’agence NPA. Résultat, il note que la posture des régulateurs a sensiblement évolué.

Intervenant début mai lors d’une conférence sur les médias, l’un des membres de l’OFCOM (autorité de régulation britannique) considérait que le véto opposé en 2009 à Kangaroo avait été une « tragédie » et affirmait que le régulateur était aujourd’hui ouvert à son déploiement. En France, la présidente de l’Autorité de la Concurrence, Isabelle de Silva a présenté ces derniers jours ses propositions d’allègement des procédures de contrôle des concentrations.

De la bienveillance pour Salto


Cette bienveillance nouvelle sera la bienvenue en particulier lors de l’examen du projet Salto par l’Autorité de la concurrence, dit-il. Restera enfin à assurer à France Télévisions, M6 et TF1 un meilleur contrôle sur les droits des programmes qu’ils financent, notamment la maîtrise de la fenêtre de SVoD, afin de leur permettre de faire croître le catalogue proposé au public, demande-t-il.

La volonté exprimée par Françoise Nyssen, ministre de la culture, de « faire évoluer les relations entre l’audiovisuel public et ses producteurs comme le fait la BBC (afin que) les entreprises (aient) à leur actif un riche catalogue d’œuvres qu’elles pourront valoriser (…) dans l’univers numérique » va dans ce sens, d’autant que les chaînes privées devraient également profiter de ce mouvement.

Tout est maintenant question de délai, avant que la réforme puisse être menée à son terme. Et ce facteur temps ne sera pas sans conséquence sur les chances de succès de Salto, conclut-il.

Levée de fourches tardive des Européens face aux Américains

L’annonce entre TF1, France Télévisions et M6 confirme le mouvement de regroupement des forces qui est à l’œuvre en Europe afin de mieux résister à la concurrence des géants américains, relève Philippe Bailly de l’agence NPA. Des négociations sont en cours au Royaume-Uni entre la BBC, ITV et Channel 4.

Il relève également que Ulrich Wilhelm, président de l’ARD  (groupement public de neuf diffuseurs TV régionaux allemands) critique l’hégémonie américaine. « L’univers numérique, tel qu’il est structuré aujourd’hui (…) est en réalité aux mains de compagnies privées américaines, les fameux Gafa. L’enjeu, pour nous, Européens, est de reconquérir notre souveraineté numérique, en matière de contenus et de sécurité des données » déclare Ulrich Wilhelm dans Le Monde.

Pourtant aux Etats Unis, des regroupements majeurs ont déjà eu lieu. Le modèle qui réunit NBC Universal (Comcast), Fox (News Corp), Turner (Time Warner) et Disney fête son 11ème anniversaire. Et cela fera neuf ans en décembre que YouTube, Universal Music et Sony Music ont uni leurs forces pour donner naissance à la plateforme musicale Vevo. Pourquoi ce réveil tardif européen ?

La Commission Européenne, particulièrement Neelie Kroes dans ses fonctions successives de Commissaire à la concurrence, puis de Commissaire à la société numérique, se sera consciencieusement employée à dérouler le tapis rouge aux géants du numérique, déclare Philippe Bailly. En même temps, les autorités nationales de la concurrence bloquaient les projets de rapprochements entre acteurs continentaux. Cela fut le cas au Royaume-Unis en 2009 entre, déjà, BBC, ITV et Channel4 et en Allemagne, au printemps 2011, entre ProSiebenSat1 et RTL Group, énumère Philippe Bailly.

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